mercredi 27 janvier 2010

Adieu, Père Antoine Tanguy !










Un très grand bonhomme vient de nous quitter. Le père salésien, Antoine Tanguy, est décédé le Samedi 23 janvier dans sa 85° année. 
Ce missionnaire breton infatigable a accompli une oeuvre exceptionnelle au Congo.
Il était attaché à la paroisse Saint Jean Bosco (dont le curé est le père Miguel ; autre personnage fascinant à Don Bosco : le père Valentino).
Je connaissais suffisamment le père Tanguy pour être ému par sa disparition.
En tout cas il fait partie de ces mecs de Dieu qui donnent envie de croire en Dieu. C'est pas comme certains (surtout l'un de ces certains que je côtoie tous les jours) qui vous donnent envie de vomir Dieu.
Comme vous le constaterez l'article de la Semaine Africaine (ci-joint) est nul ! C'est pourquoi dès que je le pourrai je compléterai ce post pour faire, si je parviens à réunir quelques infos, une petite biographie du père Tanguy.
A+ sur ce même post.

lundi 18 janvier 2010

La Pointe Indienne













Au Congo l'océan c'est çà !






La mer à Djeno...
Je suis désolé de vous proposer aussi souvent des images marines. Mais si vous étiez ici vous comprendriez. Il fait tellement chaud en ce moment...

jeudi 7 janvier 2010

Expédition Kouilou - De l'Océan à Kakamoeka-Loaka

[Avertissement : une video se trouve à la fin du post après les images. Avis !]

Du 1° au 3 janvier 2010, 9 jeunes (sauf un ?) volontaires européens, 7 français (dont 4 DCC) et 2 allemandes, accompagnés d'un merveilleux curé, l'abbé Felloh, ont accompli un fabuleux périple - 190 km AR sur le fleuve Kouilou ce n'est pas rien - qui pour certains d'entre eux, dont votre serviteur, restera à jamais l'un de leurs plus beaux voyages jamais réalisés dans toute leur vie. AMEN !

Je vous présente en détail les acteurs de notre "Délégation à 9" :
Serge (DCC) : organisateur de l'expédition 
Marie-Charlotte (DCC) : la dynamique ; gestionnaire de l'IST de PN ; mon bras droit dans l'organisation du voyage
Marie (DCC) : toujours joviale ; prof à l'IST de PN
Lauren (DCC) : la sage ; prof à l'IST de PN
Rebecca : la bavaroise ; prof de primaire à Liambu (Foyer de Charité)
Pia : la westphalienne ; prof de collège et bibliothécaire à Hinda (Foyer de Charité)
Charles : l'aristocrate de Versailles ; coopérant chez Caroil (nébuleuse TOTAL)
Eddy : le barroudeur en chef ; coopérant chez EGIS-BCOM (organisme de supervision-contrôle des Chinois qui construisent la route de PN à Brazza) ; plus spécialement chargé de filmer et photographier au nom du groupe ; en somme notre grand reporter à nous.
Timothée : l'amoureux (de Marie) ; ingénieur ICAM fraîchement diplomé, venu voir sa belle en pleine Afrique noire pour quelques semaines.
Abbé Fellohd NGOUBILI : last but not least : celui sans qui rien n'aurait pu se faire, car il était la clé pour embarquer à Bas-Kouilou (à l'embouchure du fleuve) et la clé pour débarquer et vivre à KAKAMOEKA, paroisse dont il est le curé ; il nous aurait été totalement impossible d'avoir l'autorisation de la police et des autorités maritimes de naviguer sur le Kouilou sans être accompagné par un Congolais ; en délicatesse avec l'évêque... (je passe..., mais j'y reviendrai).
Bien qu'il n'ait pas fait le voyage avec nous, je cite également l'Abbé Daniel PAHALA (on le voit aussi sur les photos), curé de LOAKA, autre paroisse où nous sommes allés.

Notre projet fut long à accoucher et dur à mettre en oeuvre. 
En amont il fallait l'idée et l'envie. Le déclic s'est produit au début de mon séjour, la première fois où j'ai vu le fleuve en allant à Madingo-Kayes avec l'évêque...Coup de foudre.
Ensuite il fallait que je découvre des personnalités locales susceptibles de nous conseiller et de nous accompagner dans toutes nos démarches (police, marine, négociation avec l'armateur, vivres, hébergement, etc.)
Mais le plus grand problème fut la recherche d'un bateau sûr (2 moteurs + 1 moteur de secours) et d'un équipage de 2 personnes disponibles pendant 3 jours (dont le 1° janvier!)...et pas trop cher ! La négociation décisive eut lieu chez le propriétaire du bateau la veille du départ. En bon chrétien il a accepté de baisser son prix de 50%.
Coût de l'opération (à partager entre 9) : 250000 Francs (CFA) pour le bateau (tout compris), 150000 Francs pour les vivres et la boisson, 50000 Francs pour les cadeaux à la population locale (vin de palme, bière, whisky, etc.), plus les à côtés (bakchich...). 
Nous avons bien fait d'opter pour la sécurité : nous avons perdu un moteur à mi-chemin...

La remontée du fleuve le 1° janvier fut divine. D'autant que le soleil était assez généreux ce jour là. Paysages extraordinaires. De temps à autre un village apparaissait sur la berge et à notre passage tous les habitants accouraient pour nous souhaiter la bonne année et nous demander de la bière. Comme c'est la saison des pluies, le fleuve, de couleur brune, était à son plus haut niveau, très large, avec des courants et des tourbillons. Nous n'avons pas vu beaucoup d'animaux, excepté les oiseaux et les papillons de toutes les couleurs. Deux crocodiles en tout et pour tout, quelques tintamarres de singes que nous n'avons pas pu vraiment voir...En fait la chasse et le braconnage sont des fléaux insupportables ici. Il est en principe interdit de tuer chimpanzés, gorilles, crocos et autres bébêtes. Mais, hélas, la viande de brousse est très prisée et, malgré les menaces, toutes les familles de paysans en mangent régulièrement...
Je vous dis çà...Mais savez-vous que j'ai commis la bourde monumentale de dire à notre amie Nathalie, la responsable de l'association RENATURA (protection des tortues et espèces menacées au Congo), que j'avais mangé du crocodile à Kakamoeka...Elle a piqué une crise...justifiée ! Quel idiot !

A mi-chemin un incident se produisit alors que nous franchissions un défilé où le fleuve se resserre et où le courant tourbillonnant devient très dangereux. Tout à coup notre navire tourna sur lui-même et son arrière s'enfonça sensiblement dans l'eau. Je n'ai pas vu la suite de mes propres yeux, mais très rapidement j'ai vu un des pilotes dans l'eau qui nageait férocement pour regagner la berge. Il n'y avait plus qu'un moteur? L'autre avait été arraché par les esprits du fleuve...

Partis de Bas-Kouilou le 1° vers 10h30 (le temps de présenter nos papiers à, et de palabrer avec la police), nous sommes arrivés en vue de Kakamoeka aux alentours de 17 heures. Une trentaine de personnes nous attendaient au débarcadère, dont une quinzaine d'enfants qui se sont empressés de porter nos bagages. Le temps de dire bonjour au sous-préfet local, au secrétaire général (= la police), de traverser tout le village, de dire la bonne année à tout le monde, et nous arrivâmes peu avant la nuit à l'église, située non loin d'un presbytère rudimentaire (en bois) où chacun s'installa prestement pour préparer la nuit toute proche. Le conseil paroissial local eut la lourde de tâche de  décider, apèrs moultes palabres, qui allait dormir où et avec qui : 4 filles dans la sacristie ; moi, Charles et Eddy dans une petite pièce ; Marie et Timothée (dits "le couple") dans une autre pièce...

Après un décrassage-nettoyage dans le noir, à la rivière, aussi délicieux que refroidissant, après quelques palabres avec les paroissiens restés sur place pour l'occasion, nous nous sommes préparés un repas bien mérité et arrosé de whisky à défaut d'autre chose. Nous avons veillé très tard, nous avions besoin de nous lâcher et de dire tout ce que nous avions vécu et pensé toutes ces dernières heures... Celui qui s'est lâché le plus ce fut l'abbé Fellohd. C'est aussi celui qui avait bu le plus...C'est sans doute l'alcool qui l'incita à nous parler de métaphysique et des faits que la raison n'explique pas. Il nous donna en effet sa version explicative de la disparition du moteur au passage du défilé. ............................................................
Nous passâmes une excellente nuit, à même le sol, sous nos moustiquaires respectives.
Et le matin arriva. Lever à 6h30, because messe à 7h...
Notre première surprise du Samedi, à part la beauté du site, ce fut pour les bras des deux allemandes. Les fouroux avaient sévis pendant la nuit ! Elles avaient la peau parsemées de tâches rouges et luttaient pour ne pas se gratter... Elles étaient les premières à réagir à ces bestioles volantes minuscules. Mais au bout d'une heure ou deux, mes bras étaient également tout décorés ainsi que ceux de la plupart des membres de la délégation...

Opération lavage intensif dans la rivière. Agréable et frais. Mais pas pratique et surtout pas franchement discret...

Nous avons profité d'une belle matinée ensoleillée pour faire une randonnée pédestre jusqu'à un autre village voisin. Comme vous le voyez sur les photos, nous avons appris plein de choses sur les plantes locales en marchant : feuilles qui s'évanouissent au contact des doigts, tiges de fleurs bourrées de vitamines que l'on mâchonne, agrumes locales, etc. Au village tout le monde nous attendait sous le préau communautaire. Palabres, boissons locales (alcool à base de maïs...), récital de chants par les filles du village...

L'après-midi j'étais tellement fatigué que ma seule occupation fut la sieste...Et c'était déjà beaucoup trop (je crevais de chaud sur ma paillasse).

Le soir après le repas nous avons beaucoup échangé avec l'abbé Fellohd. Timothée, le plus bavard, s'est lancé sur le terrain miné des interdits de la religion chrétienne, etc. On a refait le monde...

Passage par l'église pour assister aux répétitions des jeunes choristes et danseuses en vue de la messe du lendemain. 

Puis veillée autour d'un feu de bois (allumé sans arrêt 24h sur 24). Une des choses qui marquent le plus quand on passe la nuit en brousse, ce sont les bruits et les chants de la forêt : un concert de toute beauté avec choeurs et cordes, percussions et trompettes... 

Je passe sur la messe dominicale. Comme dans toutes les églises d'Afrique les femmes y occupent une place essentielle, ne serait-ce que par leur élégance rehaussée par les coloris vifs des boubous, l'esthétique complexe de leurs coiffures. Quoi de plus approprié qu'un pagne pour mettre en valeur la partie essentielle du corps d'une africaine : le cul !

Je voudrais maintenant vous donner la teneur d'un petit passage de mon intervention à la fin de la messe dominicale, où je fus invité à présenter la délégation. Non pas que je sois spécialement fier de ce que j'ai dit, en toute humilité et simplicité, mais pour vous faire mieux comprendre l'importance de l'événement représenté par la présence d'un groupe de 9 coopérants européens, témoins de la vie de ce village reculé de l'Afrique équatoriale rurale, chrétienne et profonde, où à peu près tout ce qui est indispensable matériellement (par exemple un groupe électrogène et un  congélateur pour stocker la nourriture) fait défaut.

"...La Paix du christ ! (tout le monde répond Amen à pleins poumons)...
Nous sommes neuf coopérants venus travailler gratuitement au Congo dans le cadre de différents projets de développement. Ce que nous aurons fait de bien au Congo, le peu que ce soit, ne nous rendra pas plus riche matériellement, mais, sans aucun doute, nous rendra infiniment plus riche spirituellement.
On va repartir avec plein de beaux souvenirs mais aussi et surtout avec une meilleure compréhension de la manière dont vous vivez, des problèmes matériels que vous rencontrez, et de la force immense de votre belle culture africaine..."

Après la messe nous avons pris un petit déjeuner aussi copieux qu'hétéroclite et insolite (genre café avec du whisky pour tuer les petites bêtes intérieures).

Puis ce furent les au revoir, les photos de groupe, et enfin le départ. Notre délégation fut escortée par une ribambelle d'enfants et de femmes heureux de nous servir de porteurs...
Embarquement sur notre rafiot. Larmes, cris, plaisanteries, rires, signes d'adieux...

Après 1h30 de navigation nous avons accosté au port de Magnes et pris, à pied la direction de Loaka à une heure de marche environ. Chaleur intense (il est 13h30). 

Aux abords de Loaka une nouvelle escorte se forme autour de nous et notre colonne compte bien 50 membres quand nous arrivons près de l'église en construction (un chantier qui n'en finit pas, faute d'argent et de donateurs, ou l'inverse...) où l'abbé Daniel, le curé de la paroisse nous accueille avec tout son conseil paroissial.

Photos, palabres, visite du site (on a faim et soif et plutôt envie de se poser plutôt que de bouger, écouter, parler...).

Pour ma part, comme je suis le procureur du diocèse et perçu comme celui qui détient les finances et donc les clés du futur, j'ai été très sollicité...

Enfin on mange : au menu du crocodile et du porc-épique. Au début j'ai failli vomir à l'idée de ce que j'ingérais et à la vue de la mâchoire fortement dentée qui était dans mon assiette. Mais on s'habitue. De toute façon c'est 10 fois meilleure que la queue de boeuf qu'on nous sert tous les 2 jours ou presque à P-N. Et puis avec une bonne bière tout passe...

Le repas terminé, les dernières photos prises et les dernières promesses faites, nous nous sommes séparés de nos hôtes et avons repris le chemin du fleuve.

16h : nous voici à nouveau embarqués et parés pour l'ultime descente vers l'Océan. Dernières poignées de mains à l'abbé Daniel. Signes d'au-revoir adressés aux enfants et à toute notre escorte restée sur la berge. Et tout s'éloigne.
La fatigue nous gagne rapidement. La fin du voyage est silencieuse. Mais je veux tenir, voir et revoir les paysages jusqu'à la nuit. Les piles dans mon appareil photo sont vides, ce n'est pas un problème, j'emprunte les appareils des autres. On s'échangera les photos à P-N...

Au couchant tout devient magique...

Ultime aventure à notre arrivée à Bas-Kouilou. Nous sommes accueillis par la police et la marine. Ils se disputent le dernier bakchich...Aucun des 2 corps ne veut céder. Palabres. Enfin la crise trouve une issue...

Quelle merveilleuse expédition.

Merci à toutes et tous.