lundi 21 septembre 2009

Sainte Rita et les causes désespérées...












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Sainte Rita, patronne des causes désespérées...Comme la mienne par exemple...

La semaine passée fut très difficile pour moi sur le plan professionnel. Les choses se précisent de manière accélérée, dans un climat un peu tendu... Me voici Procureur à la place du Procureur...

Je raconte les événements du w-e des 5 et 6 septembre, qui ont déclenché ce climat malsain dans le post précédent (Drame à l’Évêché). J’espère que la sérénité va revenir.

Dimanche dernier 21 septembre j’ai pu me reposer à l’église St Jean Baptiste Mpita (3 heures de messe ! Il faisait très chaud ; heureusement il y avait des chants et des danses rythmés par des percussions africaines...) et à la plage (la plage était noire de monde – hi hi ! - pour cause de soleil et de fin de Ramadan!).

NB: les deux blanches sur une des photos sont deux jeunes coopérantes allemandes qui vont aller se perdre dans la brousse à 50 km de P-N. Je  serai leur correspondant blanc à P-N...

Bisous à tous

dimanche 20 septembre 2009

Drama in the "Procure" premises of the Bishopric



Drame à l’évêché

(blog 19-09-2009)

Attention : personnes sensibles s'abstenir ; celles qui pensent que j'en dis trop sur mon blog également ! Il faut comprendre que ma survie et mon équilibre passe par la possibilité de m'exprimer à 100% par écrit. Dire tout ce que j'ai envie de dire. Sinon je crève. Il en va de mon équilibre en Afrique hic et nunc sont plus importants.

Drame à l’évêché...

Un événement grave s’est produit à l’évêché le week-end des 5 et 6 septembre 2009.

Dimanche 6 septembre vers 15h30 l’évêque m’a informé qu’un vol important d’argent avait eu lieu durant la nuit précédente dans les locaux de la procure. La somme dérobée se trouvait dans le tiroir de la caissière. Une des fenêtres avait des carreaux cassés et la grille en fer extérieure qui la protégeait avait été en partie brisée. Mais à l’évidence l’espace libéré ne permettait pas à un adulte, même très mince, de s’introduire à l’intérieur.

Pourquoi autant d’argent se trouvait à cet endroit et non dans le coffre-fort voisin c’est une première question ?

Difficile de croire que l’abbé XXX disposait de tant d’argent et qu’il ne l’ait pas mis dans le coffre...

Ce vol a-t-il eu lieu réellement ? C’est une seconde question que je me pose car j’ai tendance à penser que ce prétendu vol pourrait être un « montage » (y compris les carreaux et la grille cassée) destiné à cacher et à « effacer » toute une série de grosses erreurs de gestion, voire des prélèvements successifs dans la caisse ou toutes autres malversations. Comme certains ici je ne crois pas à la possibilité d’un vol commis de l’extérieur ou de l’intérieur par qui que ce soit.

Qui est le responsable ? Je ne souhaite pas porter un jugement et désigner un coupable. Mais je n'en pense pas moins...

L’évêque a averti la police qui s’est rendue sur les lieux immédiatement pour démarrer une enquête. L’abbé XXX ainsi qu’un jeune stagiaire séminariste, qui remplaçait la sœur pendant quelques jours, ont été interrogés toute la soirée. Ce sont évidemment au premier chef les personnes potentiellement coupables, si vol il y a eu lieu de l’intérieur, car tous les deux ont les clés (heureusement pour moi je ne les ai pas et utilise celles du stagiaire). Le soir le stagiaire a été conduit en prison et l’abbé XXX libéré. Le stagiaire a été menotté et a subi des sévices corporels (poignets et mains). Encore une fois c’est le faible qui a payé... Je connais bien ce stagiaire, je m’entends bien avec lui, et je me porte garant de sa totale incapacité à faire un tel acte. L’évêque n’a pas pu s’opposer à cet emprisonnement car il n’était pas sur place le soir. Mais il est intervenu le lendemain pour qu’il soit relâché. Il n’empêche : il a subi un traumatisme moral qui le marquera à jamais.

La preuve : il veut faire son mémoire sur la lutte contre l'injustice, plus précisément sur l'église et l'injustice. Le pauvre il va se faire tuer par Torquemada !

La suspicion a gangrené l'évêché. Pour détourner les soupçons, l'Abbé XXX a fait venir sa tribu qui campe presque à l'évêché. Il a mobilisé les féticheurs (pour un prêtre c'est le comble !) pour détourner les soupçons et apaiser le couroux de l'évêque. Plusieurs messes noires (hi hi !) ont eu lieu... Plusieurs tentatives d'envoutement et de désenvoutement ont été entrprises...

Le temps a passé. Nous sommes le 19 septembre. Un grand malaise s’est installé à l’évêché.

Un audit a eu lieu. Un écart vertigineux entre le solde théorique et le solde physique de la caisse (espèces + chèques) a été constaté. Il a fallu tenter d’expliquer cette différence. Le cabinet d’audit n’y est pas arrivé complètement ...

...

La conséquence de tout çà c’est que le petit Sergio va se retrouver Procureur à la place du Procureur (qui va quitter l’évêché, tout comme la sœur) plus vite que prévu... dans un contexte de suspicion, de stress et de pessimisme, face à un évêque de très mauvaise humeur, très préoccupé, peu sensible aux autres, maniant le monologue à un moment où le dialogue s'impose plus que jamais...

Allez, le petit Sergio en a vu d’autres. Il va s’accrocher...

Un jour peut-être je vous raconterai un petit secret supplémentaire, et peut-être aussi vous conterai-je le fin mot de l'histoire...

Bisous à tous

NB : il n'y a pas d'image (sauf une !) car ce drame s'est entièrement déroulé dans le noir...

samedi 19 septembre 2009

jeudi 17 septembre 2009

DCC - Délégation Catholique pour la Coopération


Bon...Il est temps de faire une place sur ce blog à la DCC. C'est tout de même gràce à cette ONG que je m'amuse en ce moment au CONGO. Ma croix est lourde à porter... Je ne suis pas sûr d'aller jusqu'au bout sans tomber. Allons courage Serge ! Prions...


"Fondée en 1967, la DCC est la première association française d'envoi de Volontaires de Solidarité Internationale.

Elle a pour mission d’envoyer des volontaires sur des projets de développement menés par les communautés catholiques du monde entier.


Présente dans 70 pays, La DCC compte 390 coopérants sur le terrain. Chaque année, 230 volontaires sont envoyés dans tous les domaines de développement et dans tous les types de métier.


Par ce volontariat nous vous proposons une expérience humaine, spirituelle et professionnelle.


La DCC est à la fois un Service d’Eglise et une ONG de développement agréée par l’Etat.

Cliquer ici pour lire le dernier rapport d'activité" :

http://dccblog.free.fr/images/ra2008.pdf 

lundi 7 septembre 2009

Variation sur un mariage et des fruits congolais

Les nièces de Monseigneur (de g à d : Lise en pantalon, Deo Gracias en rouge, Joviale en vert de dos). Lise va assister au mariage traditionnel des ses parents. Son père se marie à sa mère, sa seconde épouse : donc pas de mariage religieux, juste la tradition, et dans les jours qui suivent sans doute un mariage civil (la polygamie est autorisée au Congo).

Arrivée au mariage dans le village de Madingo-Kayes (à 60 km au nord-ouest de Pointe-Noire, près de l’océan, en direction du Gabon) : stupeur et tremblement...

Je m ‘approche des « jeunes » mariés...

Les « jeunes » mariés (lui 61 ans, elle, la seconde épouse, 45 ans), Ignace et Madeleine, père et mère de Lise

Monseigneur (en chemise bleu) prend des photos au milieu de l’assemblée. Il vient ici en parent et ami, à titre privé, pas en tant qu’évêque. La première épouse (en rose), 65 ans, se fait servir à manger


Au menu des haricots en sauce... Sur le dos du convive en T-shirt blanc on lit « Investiture du Roi Moé Makosso, Jeudi 30 mai 2009 ». Chaque tribu a son roi à vie. A sa mort un nouveau roi est désigné (« investiture » : ici on n’a pas peur des mots car on les aime). A Madingo-Kayes on est en plein cœur du territoire du  roi des « Vili » (une tribu de l’ethnie des Bakongo, qui peuple le Sud du Congo).

Une jolie petite « Vili» 

Cases et Cocotiers aux abords de Kouboti, le village natal des parents de Monseigneur. C’est là qu’il vient se reposer et se détendre, le week-end, quand il le peut.

Paillotte pour la palabre et les loisirs et la cuisine collective...

Les 2 maisons de Monseigneur à Kouboti. A gauche une nouvelle construction en dur. A droite l’ancienne case en bois où il préfère toujours vivre quand il vient dans ce village.

La plantation d’ananas de Monseigneur. 

Petit anas...

...deviendra...

...grand !

Jeune palmeraie (palmiers à huile) de Monseigneur. Le vin de palme est extrait du cœur du palmier (c’est la sève fermentée...un breuvage d’apparence laiteuse, au goût fruité, pétillant et acide). Avec les fruits on fait de l’huile pour toutes sortes d’usages, du savon. Etc. Les arbres dans le lointain sont des Eucalyptus, véritable catastrophe écologique nationale ; ces arbres, en effet, ne poussent pas naturellement au Congo où ils ont été introduits massivement sur la côte par le gouvernement : ces arbres ont le détestable inconvénient de pomper beaucoup d’eau et d’assécher le sol... 

Jeune palmier à huile



Variation sur un mariage et des fruits congolais

Il s’est passé des tas de choses à l’évêché ce Dimanche 6 septembre (suspense garanti). J’y reviendrai avec le recul suffisant.

Pour le moment je vais concentrer mon récit exclusivement sur le Samedi qui précède. Ce jour-là j’ai accompagné Monseigneur et deux de ses trois nièces (la troisième, Lise, nous avait devancé) à Madingo-Kayes, un village situé à 60 km au nord-ouest de Pointe-Noire, à mi-chemin entre cette ville et le Gabon, en longeant la côte. Le but de notre voyage était d’assister à la deuxième partie du Mariage des parents de Lise, et de pousser ensuite, par une route de brousse, jusqu’au village natal de Monseigneur, Koubito, situé à une quinzaine de km au nord (c’est à dire vers l’Équateur).

 

Mariage à Madingo

J’ai ainsi eu la chance d’assister à un mariage traditionnel au Congo.

Du moins la deuxième partie, celle du repas, qui se fait dans la famille de l’épouse (chez le père, l’oncle ou le frère de l’épouse). Il y a aussi une troisième partie qui a lieu le soir dans la famille de l’époux...

En l’espèce il y aura même une quatrième partie (mariage civil : la loi congolaise reconnait la polygamie) et une ultime cinquième partie (où les familles, de chaque côté, se partageront le butin, et parleront déjà, préventivement, de l’héritage).

Nous aurions pu assister à la palabre, mais Monseigneur n’y tenait pas...

Ce mariage était celui des parents de Lise, une des nièces de l’évêque.

Le père de lise, Ignace, 61 ans, épousait sa deuxième femme, Madeleine, 45 ans et mère de Lise. Comme il s’agissait d’un second mariage, pas question de mariage religieux. L’église, même en Afrique, ne reconnait que la première épouse (au passage je précise qu’elle a 75 ans et assistait au mariage, toute ravie d’être délivrée d’une pénible obligation).

Sinon quel bazar... C’est pourquoi Monseigneur n’était pas spécialement pressé d’arriver. Il est d’ailleurs venu en civil, pas en soutane...

Parlons un peu de cette palabre qui a duré plusieurs heures et qui s’est achevée peu de temps avant notre arrivée. Voici comment les choses ont dû se dérouler (je suis sûr du montant versé car on a fait notre enquête) :

-         La famille de l’épouse a réclamé 400 000 FRF CFA (« tu nous prends une femme, donc des bras et une reproductrice, donc tu passes à la caisse »)

-         La famille de l’époux a argumenté sur tous les terrains : « oui d’accord, mais elle ne m’a donné que 3 enfants jusqu’ici, et puis etc. »

-         Au final tout le monde s’est mis d’accord sur 300 000 FRF CFA.

-         Et la palabre s’est terminée, dans l’allégresse générale, par un échange de « présents » : l’époux a donné vins (rouge et de palme), whisky et rhum, vêtements..., l’épouse a donné des draps, des ustensiles de cuisine, des poules, etc.

 

Koubito, le village de Monseigneur

Non ce n’est pas Crec’h Guegan (tant pis pour ceux qui ne peuvent pas comprendre), mais dans l’esprit çà y ressemble un tout petit peu.

Monseigneur est très attaché à la terre de ses ancêtres – où sont enterrés, entre autres, son père et son grand-père. Il y vient presque chaque Dimanche soir (il repart le lundi). Sur sa propriété (une quinzaine d’hectares) et tout autour sont venus se poser les cases de plusieurs dizaines de familles dont les hommes se réunissent le soir pour veiller sous la paillotte autour du feu en écoutant les bruits de la forêt vierge environnante. L’évêque y a construit une école (2 instituteurs et 200 élèves dont certains font plus de 10 km à pied matin et soir) et un dispensaire avec ses propres deniers.

Amoureux de la terre il a transformé son domaine en exploitation agricole « artisanale » : champs d’ananas, de bananiers, de palmiers à huile, de manioc (l’évêque s’est « bousillé » le dos en arrachant ces précieuses mais grosses tubercules), de canne à sucre, plus quelques légumes.

Les plantations se font au début de la saison chaude (= saison des pluies). Mais même en prenant cette précaution, il arrive souvent, faute d’arrosage artificiel pendant la saison sèche, que les jeunes plants meurent ou se rabougrissent.

Dimanche 6 septembre - nous sommes encore en saison sèche pour un mois - quand j’ai fait le tour de l’exploitation aves Monseigneur, j’ai pu constater les dégâts : la bananeraie en particulier était très affectée...

 

C’est sur ses considérations bucoliques quoique trop arides que nous sommes repartis, au coucher du soleil, vers Pointe-Noire.