Arrivée au mariage dans le village de Madingo-Kayes (à 60 km au nord-ouest de Pointe-Noire, près de l’océan, en direction du Gabon) : stupeur et tremblement...
Je m ‘approche des « jeunes » mariés...
Les « jeunes » mariés (lui 61 ans, elle, la seconde épouse, 45 ans), Ignace et Madeleine, père et mère de Lise
Monseigneur (en chemise bleu) prend des photos au milieu de l’assemblée. Il vient ici en parent et ami, à titre privé, pas en tant qu’évêque. La première épouse (en rose), 65 ans, se fait servir à manger
Au menu des haricots en sauce... Sur le dos du convive en T-shirt blanc on lit « Investiture du Roi Moé Makosso, Jeudi 30 mai 2009 ». Chaque tribu a son roi à vie. A sa mort un nouveau roi est désigné (« investiture » : ici on n’a pas peur des mots car on les aime). A Madingo-Kayes on est en plein cœur du territoire du
roi des « Vili » (une tribu de l’ethnie des Bakongo, qui peuple le Sud du Congo).
Une jolie petite « Vili»
Cases et Cocotiers aux abords de Kouboti, le village natal des parents de Monseigneur. C’est là qu’il vient se reposer et se détendre, le week-end, quand il le peut.
Paillotte pour la palabre et les loisirs et la cuisine collective...
Les 2 maisons de Monseigneur à Kouboti. A gauche une nouvelle construction en dur. A droite l’ancienne case en bois où il préfère toujours vivre quand il vient dans ce village.
La plantation d’ananas de Monseigneur.
Petit anas...
...deviendra...
...grand !
Jeune palmeraie (palmiers à huile) de Monseigneur. Le vin de palme est extrait du cœur du palmier (c’est la sève fermentée...un breuvage d’apparence laiteuse, au goût fruité, pétillant et acide). Avec les fruits on fait de l’huile pour toutes sortes d’usages, du savon. Etc. Les arbres dans le lointain sont des Eucalyptus, véritable catastrophe écologique nationale ; ces arbres, en effet, ne poussent pas naturellement au Congo où ils ont été introduits massivement sur la côte par le gouvernement : ces arbres ont le détestable inconvénient de pomper beaucoup d’eau et d’assécher le sol...
Jeune palmier à huile
Variation sur un mariage et des fruits congolais
Il s’est passé des tas de choses à l’évêché ce Dimanche 6 septembre (suspense garanti). J’y reviendrai avec le recul suffisant.
Pour le moment je vais concentrer mon récit exclusivement sur le Samedi qui précède. Ce jour-là j’ai accompagné Monseigneur et deux de ses trois nièces (la troisième, Lise, nous avait devancé) à Madingo-Kayes, un village situé à 60 km au nord-ouest de Pointe-Noire, à mi-chemin entre cette ville et le Gabon, en longeant la côte. Le but de notre voyage était d’assister à la deuxième partie du Mariage des parents de Lise, et de pousser ensuite, par une route de brousse, jusqu’au village natal de Monseigneur, Koubito, situé à une quinzaine de km au nord (c’est à dire vers l’Équateur).
Mariage à Madingo
J’ai ainsi eu la chance d’assister à un mariage traditionnel au Congo.
Du moins la deuxième partie, celle du repas, qui se fait dans la famille de l’épouse (chez le père, l’oncle ou le frère de l’épouse). Il y a aussi une troisième partie qui a lieu le soir dans la famille de l’époux...
En l’espèce il y aura même une quatrième partie (mariage civil : la loi congolaise reconnait la polygamie) et une ultime cinquième partie (où les familles, de chaque côté, se partageront le butin, et parleront déjà, préventivement, de l’héritage).
Nous aurions pu assister à la palabre, mais Monseigneur n’y tenait pas...
Ce mariage était celui des parents de Lise, une des nièces de l’évêque.
Le père de lise, Ignace, 61 ans, épousait sa deuxième femme, Madeleine, 45 ans et mère de Lise. Comme il s’agissait d’un second mariage, pas question de mariage religieux. L’église, même en Afrique, ne reconnait que la première épouse (au passage je précise qu’elle a 75 ans et assistait au mariage, toute ravie d’être délivrée d’une pénible obligation).
Sinon quel bazar... C’est pourquoi Monseigneur n’était pas spécialement pressé d’arriver. Il est d’ailleurs venu en civil, pas en soutane...
Parlons un peu de cette palabre qui a duré plusieurs heures et qui s’est achevée peu de temps avant notre arrivée. Voici comment les choses ont dû se dérouler (je suis sûr du montant versé car on a fait notre enquête) :
- La famille de l’épouse a réclamé 400 000 FRF CFA (« tu nous prends une femme, donc des bras et une reproductrice, donc tu passes à la caisse »)
- La famille de l’époux a argumenté sur tous les terrains : « oui d’accord, mais elle ne m’a donné que 3 enfants jusqu’ici, et puis etc. »
- Au final tout le monde s’est mis d’accord sur 300 000 FRF CFA.
- Et la palabre s’est terminée, dans l’allégresse générale, par un échange de « présents » : l’époux a donné vins (rouge et de palme), whisky et rhum, vêtements..., l’épouse a donné des draps, des ustensiles de cuisine, des poules, etc.
Koubito, le village de Monseigneur
Non ce n’est pas Crec’h Guegan (tant pis pour ceux qui ne peuvent pas comprendre), mais dans l’esprit çà y ressemble un tout petit peu.
Monseigneur est très attaché à la terre de ses ancêtres – où sont enterrés, entre autres, son père et son grand-père. Il y vient presque chaque Dimanche soir (il repart le lundi). Sur sa propriété (une quinzaine d’hectares) et tout autour sont venus se poser les cases de plusieurs dizaines de familles dont les hommes se réunissent le soir pour veiller sous la paillotte autour du feu en écoutant les bruits de la forêt vierge environnante. L’évêque y a construit une école (2 instituteurs et 200 élèves dont certains font plus de 10 km à pied matin et soir) et un dispensaire avec ses propres deniers.
Amoureux de la terre il a transformé son domaine en exploitation agricole « artisanale » : champs d’ananas, de bananiers, de palmiers à huile, de manioc (l’évêque s’est « bousillé » le dos en arrachant ces précieuses mais grosses tubercules), de canne à sucre, plus quelques légumes.
Les plantations se font au début de la saison chaude (= saison des pluies). Mais même en prenant cette précaution, il arrive souvent, faute d’arrosage artificiel pendant la saison sèche, que les jeunes plants meurent ou se rabougrissent.
Dimanche 6 septembre - nous sommes encore en saison sèche pour un mois - quand j’ai fait le tour de l’exploitation aves Monseigneur, j’ai pu constater les dégâts : la bananeraie en particulier était très affectée...
C’est sur ses considérations bucoliques quoique trop arides que nous sommes repartis, au coucher du soleil, vers Pointe-Noire.