lundi 31 août 2009

BEAUCONGO ? (...1 mois déjà...)

Photos de la semaine du 25 au 30 août 2009

Les photos ci-dessous, ont pour l’essentiel été prises au cours de mes déplacements la semaine passée dans les paroisses de Saint Joseph  (dont le curé n’est autre que l’abbé Ange) et de Sainte Thérèse, dans la lointaine « banlieue » ponténévrine. J’ai beaucoup aimé Saint Joseph, c’est l’exemple type de la paroisse africaine (pas au sens de zone « administrative » mais au sens de lieu cultuel, d’habitation, de prière, d’enseignement, de soins (le dispensaire Caritas), et de vie : des enfants qui jouent, des femmes qui chantent, des vieux qui se reposent à l’ombre ), un ensemble de construction disposées tout autour d’un grand espace plus ou moins clôturé, plus ou moins arboré, une sorte de place du village bis.

 

 



Un bus bleu typique

En route vers Saint Joseph : la course poursuite derrière la voiture de l’Abbé Ange commence. Le but du jeu : ne pas le perdre de vue
Une route de la banlieue ponténévrine

Une grande avenue de la banlieue ponténévrine
L’Abbé Ange croise un taxi bleu, ces fameux taxis bleus d’Allah
Enfin on arrive à Saint Joseph (vite que je sorte de la voiture : j’ai le dos trempé)
Entrée de l’église de Saint Joseph
L’œuvre de l’abbé Ange : l’école primaire de la paroisse Saint Joseph : comme beaucoup de constructions, l’ouvrage n’est pas terminé : le premier étage sera finalisé ultérieurement
Une salle de classe de l’école primaire de Saint Joseph (les élèves sont en vacances jusqu’en octobre)
L’abbé Ange dans toute sa splendeur (on lit la ruse, la gentillesse et la bonne humeur dans ses yeux)


Une statuette en bois devant le logement de l’abbé Ange à Sainte Thérêse
Le bureau de l'abbé Ange

Le dispensaire de Saint Joseph = 1 infirmier permanent (ici assis, en plein travail)
Ils étaient super contents que le les prenne en photos

John Wayne
L’église provisoire de Sainte Thérèse
Le nouveau presbytère de Sainte Thérèse ; devant : Anicet en jaune et le gardien en rouge
Non ce n’est pas une piscine pour pygmées, mais une « bâche » en construction (c’est à dire un réservoir d’eau – en général  non « potable » - pour les usages ménagers et la toilette). En l’occurrence celle du nouveau presbytère de Sainte Thérêse.
Sur le retour : tout se vend (ici des accessoires pour automobiles)
Petit coup d’œil sur la mer, le long de la Côte Sauvage, avant de rentrer au bercail (le soleil vient de se coucher, dommage, j’aurais bien aimé me baigner : à cet heure là c’est trop dangereux !)







BEAUCONGO ?

Bientôt un mois que je suis là. Et tous les jours milles choses me surprennent positivement (très rarement) ou négativement (le plus souvent). Je suis dans la phase initiale du « choc culturel », celle où  la comparaison de ce qu’on vit ici avec ce qu’on a connu ailleurs se fait à l’avantage  de ce dernier (si vous voulez mon avis je vais rester dans cette phase jusqu’à mon retour en France, à moins que le Saint Esprit, ou une none irrésistible ne me congolise...ou ne me rende aveugle).

Les Congolai(d)s sont beaux...

A l’actif du positif (tant pis pour le pléonasme) je veux mettre en avant des éléments tenant à la nature, au caractère, et à l’ingéniosité des congolais :

- leur gentillesse et leur côté rigolard, sympathique et souvent chaleureux

- la prolixité emphatique de l’expression orale et écrite  (ils aiment les mots, les tournures compliquées...) ;  je n’en donne pour preuve s’agissant de l’écriture que les comptes rendus de réunion du conseil des affaires économiques et financières du diocèse que j’ai pu lire : il faut vraiment chercher à la loupe pour trouver un contenu opérationnel, informatif et décisionnel, dans ces documents : tout est dans le bla-bla ; l’important c’est le bla-bla et la longueur du texte...

- le sens du rythme et de la musique, la facilité et le naturel avec lesquels ils se mettent à chanter

- le besoin et le goût de paraître, de s’afficher, d’être vus. Cette tendance s’affirme en particulier dans les comportements vestimentaires. Ils aiment les costumes (on est au pays de la « SAPE » et des « SAPEURS » : la SAPE a donné le mot « sapé » en France), les marques, etc. L’apparence, les signes extérieurs, sont très importants et extrêmement recherchés, soignés, privilégiés. Hier, par exemple, j’ai vu un type faire un jogging avec de magnifiques gants de boxe rouges aux mains et une corde à sauter en bandoulière : il était important qu’il montre qu’il n’est pas monsieur lambda mais un super sportif qui s’entraine pour un match qui très probablement n’aura lieu que dans sa tête (la boxe est un sport très populaire ici). Le style quoi ! Évidemment pour un Français le style en question, surtout en matière vestimentaire, n’est pas toujours du meilleur goût et du plus raffiné...Des Congolaids vous dites, non des Congobeaux !

- le système D (dont la corruption n’est qu’une facette). Tout le monde a tellement l’habitude (quand quelqu’un ne l’a pas c’est tout de même dans les gènes) de se « démerder » en permanence pour survivre qu’il en résulte une sorte de sixième sens hypertrophié, celui de la Débrouille, de l’astuce, du contournement des problèmes. Malins ! Oui, très malins et rusés ces congolais. Attention, derrière une gentillesse divine il y a souvent une arnaque diabolique...

- j’ai gardé le meilleur pour la fin : la solidarité. Et en particulier la solidarité familiale. C’est sûrement la plus belle chose que les africains ont su préserver et que nous, occidentaux, nous avons délaissé... Là nous avons beaucoup à réapprendre auprès d’eux.

J’en viens maintenant au négatif. Je décris ci-dessous quelques exemples de particularités ponténégrines - disons congolaises, on pourrait même dire africaines - dont certaines me tapent sur le système en ce moment. 

...Mais le Congo...c’est pas très beau

Ici  on a le temps d’être beau. Hélas on a aussi le temps de tout rendre laid. Car tout s’inscrit dans le non-temps indéfini. Ceci a au moins quatre conséquences :

1) Beaucoup de choses ne semblent pas avoir de début ou de fin. Seul le présent compte, en tout cas il compte beaucoup plus que le futur ou le passé (c’est l’inverse en occident, où on est traumatisé à vie par son passé et angoissé à vie par ce qui peut arriver demain).

Par exemple, Samedi 29 août je suis allé visiter la petite paroisse Sainte Thérèse dans le quartier de Tchimbamba.  Son église est en construction depuis longtemps, comme beaucoup de constructions ici. Quand elle sera achevée, c’est à dire quand le gros œuvre sera grossièrement fini et qu’elle aura un toit, elle sera déjà vieille, comme beaucoup de bâtiments dits « neufs ». En attendant, un toit en tôles a été jeté sur une partie de l’édifice pour permettre le rassemblement des fidèles et la tenue des offices. Et l’herbe pousse. Car la vie, elle, c’est le présent. Mais ce n’est pas très beau.

2) La ponctualité a peu de sens ici. En France quand on dit 15 heures c’est 15 heures par rapport à 24 heures. Ici c’est 15 heures par rapport à l’éternité. Donc deux heures de retard c’est rien. Estimez-vous heureux si la personne que vous attendez vient à son rendez-vous ou finit par faire ce qu’elle a dit qu’elle ferait. J’en fais l’expérience tous les jours.  L’absence de toute rigueur dans les horaires peut rapidement vous gâcher la journée, la rendre très...laide.

Par rapport à çà, il n’y a qu’un truc : rester cool (je voudrais vous y voir) !

3) Le temps peut s’arrêter, on n’en meurt pas. Ce qui compte ici, pour la plupart des gens, c’est de ne pas mourir, de survivre, fut-ce en étant malade. Le reste on s’en tape, mises à part les belles fringues payées par papa Sassou. C’est ce qui explique par exemple que tout le monde prends ici avec philosophie les coupures de courant, un peu comme on accepte que le soleil disparaisse des heures derrière un cumulo-nimbus...Il reviendra. Mais les groupes électrogènes çà fait du bruit, çà pue et la fumée irrite les yeux. Tout çà c’est pas très beau.

4) Pour un occidental le temps çà sert à changer les choses, transformer, « progresser ». Ici le temps évolutif, vers une vie meilleure sur terre, ne semble pas exister. Seul le temps répétitif (manger, boire, dormir...), celui de la survie, semble compter.

D’où l’importance du surnaturel *(c’est là que se décide l’évolution s’il y en a une), des esprits* (c’est eux qui font le boulot pour modifier l’existant), de l’au-delà (c’est là que se trouve la vie meilleure)... D’où, plus encore et surtout, le fatalisme à tous les étages et dans tous les rayons. Fatalisme politique, social, économique, environnemental, sanitaire, religieux (un coup de patte aux églises locales, y compris la très catholique église romaine : je trouve qu’elles entretiennent, sinon véhiculent, la résignation, l’acceptation de la misère, de la souffrance...)... Bref, le fatalisme de la laideur.

(*) : Même Anicet, mon « copain » séminariste est un peu fétichiste (ses parents l’étaient) : par exemple il croit aux sirènes qui peuplent la mer...

- Comment expliquer que tout un peuple (fraude et magouille électorale massives mises à part) revote pour un tyran dangereux (Sassou N’Guesso) qui les a maintenus pendant vingt cinq ans dans la misère ? Comment expliquer qu’en 49 ans d’indépendance ils n’aient pas été foutu de faire une route goudronnée et d’avoir un train fiable et sûr pour relier Brazzaville à Pointe Noire ? Comment l’expliquer sinon en intégrant cette propension maso-fataliste à l’immobilisme de l’africain. Je sais c’est trop simple de dire çà. Ils ne peuvent rien faire, ils ont juste le droit de la fermer dans un État où la liberté individuelle est une fiction, une mystification reprise régulièrement dans les discours officiels uniquement pour rassurer les occidentaux. « Mais il y a eu le marxisme, et puis il y a eu dix ans de guerre civile », vous allez me dire ? - Alors là, désolé : au lieu de faire de la théorie et, ensuite, de se taper sur la gueule ils n’avaient qu’à construire des routes, des ponts, des hôpitaux et des écoles. Et puis merde ! La guerre civile c’était il y a dix ans. En dix ans, non seulement ils n’ont rien fait mais ils ont régressé. Les Africains ont le droit et le devoir d’être responsables et autonomes comme tout le monde. Il est temps que ce continent devienne enfin adulte et se prenne enfin lui-même en charge ! Si l’Afrique est le casino du monde, où toutes les multinationales viennent faire leur marché (par exemple Total et ENI à pointe Noire), c’est aussi parce que les Africains le veulent bien.

- Comment expliquer l’irrationalité économique qui prévaut ici dans de nombreuses sphères de l’activité humaine ? Un exemple : la circulation automobile à Pointe-Noire. Toute la journée, à n’importe quel endroit de la ville, les rues sont encombrées de voitures. Résultat : une pollution terrible, et du temps « perdu » par tout le monde. A cause de quoi ? A cause d’un excédent démentiel de taxis bleus. Ce sont pratiquement les seuls véhicules que l’on voit dans la rue tellement ils sont nombreux... Pourquoi tant de taxis souvent vides ? Pour la gloire d’Allah ! Qui donne la voiture ? Réponse : l’Église musulmane. C’est un moyen de racoler de nouveaux croyants. On te donne un instrument de travail – un taxi – mais en échange tu deviens musulman. Et de fait, force est de constater qu’Allah a trouvé là un filon fantastique pour augmenter ses fidèles sans prêcher... En Asie il ya des vélos et des mobylettes partout. Ici il n’y en a pas (sauf quelques motos – des « Jakarta »). Personne ne fait du vélo ici. Même les nièces de l ‘évêque ne savent pas faire du vélo.

- Comment expliquer la tolérance presque sans limite de la population à la pollution, sinon l’idée que supprimer la pollution est au mieux une idée d’occidental qui n’aboutira jamais, au pire un remède qui générera un mal plus grand encore que le mal initial. C’est mon analyse. Mais chacun la sienne. Il reste dans tous les cas une même réalité. De la fumée et du bruit partout. Des déchets – des sacs en plastique en particulier – partout au bord des routes, le long de la voie de chemin de fer et dans la plupart des parcelles situées dans les quartiers modestes. S’il y a un genre de photos que je peux prendre n’importe quand et n’importe où (sans même être interpelé par la police) c’est bien la photographie des déchets... Et pourtant il ya des solutions simples à ce problème. 

Et le beau Serge dans tout çà ? 

« Et le beau Serge dans tout çà ? Il va bien. Il se demande juste quelle trace il laissera derrière lui quand il repartira en France. En fait il est de plus en plus convaincu qu’il ne laissera rien (surtout au plan professionnel), sauf des liens humains, l’influence qu’il aura exercé sur tel ou telle par son attitude, ses propos, sa vision. Repartira-t-il avec quelque chose de précieux ? Peut-être. Pour l’instant ce n’est pas gagné. Bref il se demande toujours ce qu’il fout là.

L’évêque a une robespierrite aigüe depuis qu’il est tout petit. Il ne fait confiance à personne. Il veut tout changer...mais sans se changer. Pourtant c’est le bordel intégral...Et le responsable c’est tout de même lui. Pour ne rien arranger il est malade (hernie discale...).

Miraculeusement il tient le coup (je parle de Serge). Pour combien de temps ? Il n’ose pas en dire plus, mais on comprend à travers les lignes, que ce n’est pas le pied... Je fais tout ce que je peux pour l’encourager.

PS : ne vous inquiétez pas ! Si je parle tout haut de choses que je  ne devrais même pas penser tout bas, c’est que Serge est d’accord avec moi. »

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lundi 24 août 2009

Ma troisième semaine : changer de peau ?















































Me voici arrivé au terme de ma troisième semaine au Congo. Je suis toujours en vie. Je découvre chaque jour un peu plus ce pays. Je me pose beaucoup de questions du genre : comment peuvent-ils vivre comme-çà, pourquoi fonctionnent-ils comme-çà, pourquoi suis-je comme je suis, qu’est-ce que je « fous » là... Je tente de me faire une nouvelle peau pour mieux me couler dans ce monde si différent...

Liquides

A propos de « couler » parlons un peu des choses, plutôt liquides, grâce auxquelles j’arrive à couler des jours « paisibles » :
- le voltarène en crème (merci Michel), sans lequel mon tibia et mon pied gauches seraient encore endoloris (suite à l’agression de ce jeune voyou qui tentait de me voler mon tél. portable sur la plage...) ; sans lequel j’aurais encore très mal au dos (à la fin de la 2° quinzaine la pression que j’avais accumulée depuis le départ s’est manifestée comme d’hab. par un dos un peu cassé que je cache aux autres en me tenant le plus droit possible...)
- la caféine (du café déshydraté Nestlé) qui me donne la pêche pour terminer la journée, et qui je suis sûr, m’aide à lutter contre les moustiques et la déprime
- le whisky (1/2 gorgée par jour) qui ouvre et lave mon estomac
- la radio (ce n’est pas liquide mais il y a des ondes) : RFI, RFI et encore RFI : c’est la seule radio d’infos, comme par hasard non congolaise, donnant des infos crédibles sur le Congo et l’Afrique que je parviens à capter avec mon petit poste à 6000 FCA acheté au Grand Marché
- l’eau minérale en bouteille plastique « Mao », indispensable pour se réhydrater (le taux d’humidité est très fort et dès que l’on s’agite un peu on transpire facilement...), et pour se laver les dents en toute sécurité
- ... et last but not least les bidons d’eau de 25 litres (voir la photo) et mes seaux sans lesquels je ne pourrais pas me laver (il n’y a pas d’eau courante). Ces bidons sont lourds et excessivement difficiles à manipuler (j’en verse souvent des tonnes à côté : heureusement qu’Aymé, le préposé au nettoyage, me bichonne un peu). J’ai dû apprendre et mettre en œuvre toute une nouvelle gestuelle pour faire ma toilette sans me faire mal au dos : j’ai des seaux de différentes tailles, etc... Si ce n’était pas particulièrement « chiant » çà pourrait être drôle.
- ... sans oublier une petite bière de temps en temps (une « Primus » - c’est le nom de la bière locale – ou une autre moins congolaise), mais assez rarement dans la pratique.











Acclimatation du "Mundélé" (le blanc) à l’environnement quotidien

Je m’habitue petit à petit à l’environnement congolais. Le plus difficile c’est celui de la rue : circulation, bruit, fumées, poussière, ordures sur les trottoirs, foule (il y a du monde partout, et quand il n’y en a plus il en sort de partout ; si on rajoute le sable et les détritus, il est très difficile de se promener sans sortir mille fois de sa trajectoire...).
J’ai mentionné le bruit. Parlons-en. En ce moment l’évêché fait construire par un tiers* un immeuble de trois étages tout près de l’immeuble où je réside. Les dalles entre les étages ne peuvent être faites que la nuit (pour éviter d’éventuels coups de chaleur excessive, préjudiciables à la pose, si le soleil se montre trop). Ils ont travaillé nuit et jour tout le week-end. Heureusement j’ai des boules quies.
Donc, un environnement agressif pour les « mundélés » délicats comme moi. Mais je pense que je vais m’y faire de mieux en mieux.
(*) Construire sur un terrain (parcelle) qui ne vous appartient pas, mais avec l’accord du propriétaire bien entendu, est une pratique assez courante ici, du fait de la pression immobilière et du manque de terrains... En l’occurrence ce sont des commerçants indiens qui construisent un immeuble qui sera à terme la propriété du diocèse. L’intérêt du système pour le diocèse c’est qu’une fois construit l’immeuble génère des loyers pour l’occupant qui a pris en charge la construction, loyers qui viendront en compensation des mensualités payées par le diocèse pour acheter l’immeuble...Pour les indiens c’est la possibilité de disposer de locaux neuf sur un emplacement intéressant...

Personnages de l’évêché

Quelques mots sur les personnages de l’évêché.
A par moi, les nièces (elles reprennent l’école en octobre) et le neveu (qui travaille à l’imprimerie) de l’évêque, il y a, dans l’entourage immédiat de ce dernier, deux personnes.

D’une part le secrétaire général épiscopal - l’abbé Daunat Michel, un prêtre très sympa et très ouvert. Il est originaire de la RDC (Congo Kinshasa). Il s’occupe en principe de toutes les questions pastorales en relation avec le vicaire général (qui est rarement sur place).

L’autre personnage important est l’abbé Ange, le procureur. C’est un congolais pur jus, assez sympa également, très rusé et débrouillard. Il est très proche de l’évêque dans la mesure où ce qu’il fait touche au nerf de la guerre, l’argent : la gestion des achats et des services, la gestion immobilière, le choix et le paiement des fournisseurs, le paiement des honoraires de messe des prêtres, la gestion des comptes-courants de toutes les personnes qui n’ont pas de comptes en banque (ici la plupart des gens n’ont pas de compte-chèques !), le paiement des petites dépenses quotidiennes, l’encaissement des frais de scolarité (le diocèse possède un petit séminaire qui va de la sixième à la troisième), etc. C’est un type très pragmatique qui connait et utilise les milles rouages souvent corrompus du système. Il fonctionne à vue. A l’évidence il n’aime pas la paperasse et les dossiers. En fait il n’est pas formé pour ce qu’il fait. Il a tout appris sur le tas. tout fonctionne empiriquement, plus ou moins bien. L’ennui c’est que lui seul sait comment çà fonctionne et personne ne peut réellement contrôler globalement ce qu’il fait...

L’avenir dira comment s’opéreront la coexistence et la complémentarité entre l’abbé Ange et moi...

Parmi les personnes qui approchent l’évêque quasi quotidiennement, il y a, outre l’abbé Daunat et l’abbé Ange, des personnes extérieures, comme le colonel de la police spécialisé dans les démarches administratives. Je ne connais pas encore son rôle exact. Je sais cependant que l’évêque a souhaité que je lui montre mon passeport. Ce que j’ai fait. Le colonel m’a dit que tout était en règle. Comme je dois demander le renouvellement de mon visa tous les trois mois, le colonel m’a dit qu’il s’occuperait de tout... Voilà je mets le doigt dans l’engrenage du système des passe-droits...

En dehors de Daunat, Ange et moi il n’y a pas de permanents à un niveau de responsabilité important à l’évêché.
Patou est le chauffeur de l’évêque. C’est aussi mon chauffeur s’il est disponible. C’est un homme de confiance, qui néanmoins a un petit faible pour la bière... Il est très sympa. Il m’a amené l’autre jour à Mazra, une jolie plage flanquée d’une mangrove transformée en musée naturel où j’ai pu voir des milliers de crabes et d’animaux amphibies divers ainsi que des centaines d’ibis.
Martin est le veilleur de nuit. Il a 4 enfants et une femme ; il est employé depuis 12 ans à l’évêché. Il gagne 75000 Francs CFA par mois (114 Euros !). Pas étonnant qu’il soit le responsable syndical local (adhérent au CSC, Confédération des Syndicats Congolais). Au passage je signale que 75000 F CFA c’est aussi le montant des honoraires de messe reversé à chaque prêtre mensuellement par l’évêché. Il ne faut pas s’étonner dans ces condition, s’ils cherchent de solutions diverses et variées pour arrondir leurs fins de mois !
Zacharie, également salarié à 75000, s’occupe de la lessive et du repassage qu’il effectue dans un des garages de l’évêché. Il repasse bien. Mais je trouve que sa lessive est trop agressive (je vais lui conseiller « Cajoline »).
Aymé, troisième salarié à 75000, s’occupe, lui, du nettoyage. C’est lui, par exemple, qui balaie ma chambre et passe la serpière sur le sol (du ciment recouvert d’une peinture rouge délavée).
Ben-Laden est le porteur d’eau (son prénom c’est Serge, mais tout le monde l’appelle ainsi : je ne sais pas encore pourquoi). Celui qui va chercher l’eau dans la citerne et la distribue dans les chambres, les cuisines et les toilettes/douches collectives. C’est de mon point de vue celui qui a le travail le plus essentiel et le plus difficile à réaliser. Son absence provoquerait l’effet d’une bombe (d’où son nom ? Je blague). Je ne sais pas si vous réaliser : essayez de pousser une brouette contenant 4 ou 5 bidons de 25 litres sur du sable, essayez de monter un étage d’escalier avec un bidon de 25 litres dans chaque main...Ce type a une colonne vertébrale en or !
Le reste du personnel est constitué de femmes : une sœur, qui ne sert pas à grand chose (mais c’est l’œil de Moscou : elle passe la moitié de son temps à regarder la TV dans la salle où mangent les prêtres de passage...) et trois cuisinières (Ma Te-Te fait la cuisine pour l’évêque et sa table, donc aussi pour moi ; Alphonsine (Alpha pour les intimes) et une autre dame font la cuisine pour le personnel et les prêtres de passage...
Parmi les non permanents je veux citer Anicet (je m’entends très bien avec lui), un stagiaire du grand séminaire de Brazzaville qui est l’homme de confiance de tout le monde ici et qui s’acquitte des tâches logistiques les plus variées... J’en ai déjà parlé dans un précédent feuilleton. Donc je passe...

Mon rôle ?

Il n’y a pas à proprement parler d’économe (celui qui supervise les finances, la gestion et la comptabilité). L’abbé Ange fait du concret et le comptable fait de la compta. Mais personne entre les deux ne maîtrise ni ne contrôle vraiment le système empirique qui s’est mis en place, même pas l’évêque qui fait mille choses dans une journée. L’informatique est présente mais trop de choses à la procure se font à la main.

La comptabilité est tenue depuis une dizaine d’année (avant c’était le néant) par un petit cabinet extérieur qui ne donne pas vraiment satisfaction à l’évêque... Celui-ci voudrait mettre en place une vraie gestion comptable « aux normes » de l’Église, et un contrôle interne, à l’instar de ce qui se pratique en France depuis une bonne dizaine d’années. Pour l’instant la gestion existante est très déficiente (sauf en ce qui concerne la manipulation de l’argent : entrées et sorties de caisse...) et la visibilité économique et financière est quasi-nulle. Je parcours en ce moment les comptes annuels : ce n’est pas clair du tout.
Je pense que l’évêque a raison de vouloir sortir du système « merdique » actuel - il n’est jamais trop tard et puis je pense que Rome commence à se poser beaucoup de questions - mais je me demande s’il ne rêve pas un peu. Il faut d’abord qu’il se change lui-même et ensuite il faut faire les choses pas à pas. C’est cette recette de ce « pas à pas » dans une direction énergiquement tracée que j’aimerais trouver avec lui...

Il est évident que mon rôle ici, qui se dessine peu à peu, va tourner autour de cette nécessaire visibilité, de la rigueur, du contrôle et, surtout, de l’optimisation des ressources et des emplois. Les paroisses constituent les gisements de ressources les plus importants. Certaines sont très riches. Mais beaucoup de curés trichent et ne font pas remonter l’argent au diocèse (je précise pour ceux qui ne le sauraient pas que la règle de l’Église veut que l’argent soit intégralement remonté et redistribué au prorata du nombre de prêtres dans chaque paroisse, et ce pour aider les paroisses les plus pauvres (péréquation)).
Dans les prochains jours on va faire venir les représentants de tous les conseils économiques et des conseils pastoraux des paroisses du diocèse. Il y aura au moins une centaine de personnes. Le but de la manœuvre est de leur présenter un projet de nouvelle gestion comptable des paroisses à la française. Je pense que cette présentation est prématurée. Quand on sait que l’on part de zéro ou presque, on ne peut être que sceptique quant aux changements effectifs dans les comportements. Mais il faut bien commencer, et c’est, en tout cas, pour çà que je suis là. Donc il va falloir qu’ils s’y collent ces bons curés congolais. Et moi avec eux. Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas un comptable, loin de là, mais le plus important ce n’est pas la technique (on trouvera toujours des techniciens, des logiciels et des machines), mais l’esprit et la volonté de changer les pratiques floues, les comportements corrompus et égoïstes...et l’injustice. Il y a loin entre les conditions d’un prêtre de Pointe-Noire qui roule en 4x4 et celle d’un prêtre de la brousse (par exemple l’abbé Serge, mon homonyme, dont le village est à une journée de taxi + 24 heures de pirogue + 12 heures de marche dans la forêt)...

Œuvres et Causes (genre « facebook » mais en vrai, dans la réalité)

La semaine passée j’ai fait pas mal de visite à l’extérieur, dans des paroisses ou des œuvres du diocèse. Parmi ces dernières je veux citer le Centre des Mineurs (voir photo) et le Centre Polio (voir photo).
Le premier s’occupe de la réinsertion des mineurs par l’apprentissage d’un travail (réparation automobile, menuiserie, plomberie-tuyauterie-chauffage...). Ils sont 14 jeunes en ce moment. Ce sont des enfants de la rue, abandonnés, qui n’ont jamais été à l’école. Ils arrivent vers l’âge de 12 ans et repartent vers 17 ans avec un métier en poche...Hélas on ne leur dispense aucun cours scolaire...
Le second abrite deux communautés de bonnes sœurs (des thérésines et des sacramentines) et surtout un centre de soin pour handicapés moteurs (voir photo des tarifs).
Le diocèse a, notamment au travers des paroisses, d’autres œuvres humanitaires comme celles-ci, et notamment plusieurs dispensaires (avec un ou deux infirmiers et dans le meilleur des cas un docteur) dans les zones rurales (brousse) où les conditions de vie sont difficiles et où le niveau sanitaire est très faible.

La semaine écoulée, j’ai également rencontré, dans leurs locaux, les représentants de l’antenne congolaise « Justice et Paix » qui œuvre pour la défense des Droits de l’Homme et pour la Paix (Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme). Ils éditent en principe un rapport annuel sur le Congo que je leur ai demandé, mais j’attends toujours...
L’évêque s’intéresse beaucoup à cette activité. Je trouve qu’il est courageux, car ici, les atteintes aux droits de l’homme sont monnaie courante, nombreux sont les gens emprisonnés sans raison et sans jugement, le trafic d’enfants est banal, les compagnies pétrolières et les exploitants forestiers font la pluie et le beau temps et polluent un maximum au détriment de la santé des habitants, etc...

Week-end 22-23 août










Samedi dernier j’ai accompagné l’évêque au lac de Mbanga (au sud de Pointe Noire, à la frontière du Cabinda) où il a rencontré les représentants laïcs des paroisses du diocèse venus faire leur sortie annuelle sur ce site magnifique. C’est un immense et beau lac, rempli de petites bêbêtes (style caïmans...) et que l’on peut parcourir en pirogue (je suis resté à terre : pas folle la guêpe). Nous avons mangé avec tous les « pèlerins ». L’ambiance était détendue, bon enfant, la bouffe sympa (cf. photos), et la bière coulait à flot... Beaucoup de ponténégrins viennent pique-niquer dans le secteur (il faut tout de même posséder un véhicule tout terrain : la route est mauvaise). Seul ombre au tableau : dès qu’un congolais séjourne dans la nature il laisse des détritus (sacs plastiques, mouchoirs en papiers, canettes..) derrière lui. Imaginez ce que çà donne dans un lieu très visité...
Dimanche : messe dominicale à Notre Dame (l’occasion de croiser le Tout Pointe-Noire endimanché, souriant et coloré) et visites de deux paroisses l’après-midi : Christ-Roi (la paroisse du vicaire général qui nous a accueilli et fait visiter les lieux : c’est de loin l’église la plus riche et la mieux équipée du diocèse : climatisation, vidéo, cloches électriques, chambres et salles de réunion super-top...) et Saint Christophe, la paroisse d’origine de l’évêque.










Suite dans le prochain numéro (il faut que je me plonge dans les comptes annuels du diocèse et dans l'étude du droit canonique...). Bisous à tous.


















lundi 17 août 2009

"Mundele" !







« Mundele ! »

Seul dans le noir ?

Deux semaines déjà...
Après le « tout beau, tout nouveau », voici le temps du « tout beau, tout différent ». Oui je suis le blanc, le « Mundele » (prononcer moundélé ; dans la langue véhiculaire officielle du Sud Congo, la langue du chemin de fer, i.e. en Munukutuba).
Dès que je vais dans les quartiers périphériques de Pointe-Noire ou au « grand marché » - le marché traditionnel de P-N - c’est ainsi que les gens me désignent de loin ou de près.
Le « Mundele », au-delà de la couleur de peau, c’est la pompe à fric (ils tombent très mal avec moi), accessoirement l’étranger. Bref la CIBLE N°1 pour tous les coups, toutes les opportunités, pour se faire un complément de salaire au black (je veux dire au blanc).
A l’évêché je suis le seul blanc. Dans le centre de P-N je croise quelques blancs de temps en temps, mais pour l’instant je n’ai croisé aucun regard de blanc bienveillant. Ils on tous l’air indifférents aux autres blancs, à moitié dingue. Des blancs noirs ou des noirs blancs en quelque sorte.
Les seuls blancs sympas que je connais pour l’instant, sont les sœurs et les prêtres blancs que j’ai rencontrés dans les paroisses que j’ai visitées. Par exemple à Don Bosco, dans le quartier populaire de Tie Tie, où j’ai fait la connaissance de l’abbé Miguel (espagnol) et d’un Breton pur souche (Antoine Tanguy)...
Mais, bon...Il faut vivre d’espoir. Je finirai bien par me faire quelques amis blancs. Je vais en tout état de cause me mettre en contact avec les 2 ou 3 volontaires DCC qui sont dans les parages...

En attendant je me suis fait un jeune ami noir. Il s’appelle ANICET. Il est au grand séminaire de Brazzaville et actuellement en stage à l’évêché de P-N. Il a une vingtaine d’années. Comme beaucoup d’africains il n’a plus de vrais père et mère. C’est actuellement le mari de sa sœur qui joue le rôle du père coutumier. Anicet est un type très sympa, ouvert, dévoué (pour moi c’est de l’or), doté d’un bon sens de l’humour. Tous les soirs je lui prodigue des cours d’informatique/internet. Il ne sait pas taper sur un clavier et encore moins manipuler une souris. On échange beaucoup. C’est lui qui m’escorte quand je vais faire des courses. Je lui rends des petits services quand je peux : il utilise mon vieux tél. portable qu’on a fait débloquer par un bricoleur local. Cà fonctionne à merveille. L’autre jour je l’ai amené chez ses « parents ». Il a certains symptômes du palud (douleurs articulaires, fièvre...). On lui a dit de faire des analyses dans le labo d’à côté. Mais pour des raisons financières il n’a toujours rien fait. Et puis maintenant çà va mieux... jusqu’à la prochaine crise qui risque d’être plus grave.
En ce qui me concerne je me protège le mieux possible. Comme tout le monde je finis par être piqué une fois ou deux tous les soirs. Comme il y a des grillages fins aux fenêtres ce sont surtout les petits (triés sur...le volet) qui m’embêtent. Je ne fais pas d’allergie cutanée et j’évite de me gratter... Wait & See.

Seul blanc parmi les noirs ou presque...

Mais aussi seul dans le noir. Je m’explique. Ici les coupures de courant sont quotidiennes et se produisent pendant les pics de consommation, donc en début de soirée, quand la nuit est tombée, i.e., à partir de 18h30 (quand il est 19h30 en France dites-vous que je suis peut-être dans le noir ici !). Heureusement j’ai des bougies et surtout ma pile à manivelle.
Ici il y a des générateurs d’électricité partout. Devant chaque magasin il y en a un. Et quand on sait que ces engins font autant de bruit qu’un petit tracteur et crachent de la fumée comme 50 locomotives à charbon...Je ne vous dis pas l’ambiance dans la rue...
Je referme là le chapitre pollution car si je commence à déraper là-dessus je vais vite manquer d’encre bio durable...

Sécurité

La police est omniprésente : beaucoup de petits flics en costumes (assez semblables à nos flics français), beaucoup de policiers en civil (aux dires de mes interlocuteurs). Au total il n’y a pas une famille congolaise, pas une entreprise, pas une institution (y compris l’évêché) où il n’y ait pas un parent ou un employé qui soit flic.
Le Congo est un État policier. Rassurant pour les petits blancs me direz-vous ? Pas du tout. D’abord parce que la plupart de ces flics sont corrompus, font partie d’un système corrompu. Et un des petits jeux préférés du policier c’est de trouver la faille pour mettre en faute le petit blanc pour n’importe quel motif dérisoire. Il y a plein de petits interdits futiles. Par exemple, il est défendu de photographier tous les sites publics et toutes les résidences d’hommes publics (je me suis déjà fait rappeler à l’ordre plusieurs fois : à chaque fois il y avait un truc que je ne devais pas photographier et que je n’avais pas remarqué ...). Autant dire que dans le centre de P-N prendre une photo est très risqué, sinon impossible...
Ensuite parce que la petite criminalité de la rue reste très importante. Et que celui qui peut idéalement en faire les frais, au premier chef, c’est le « Mundele »...
Résultat : je n’ose plus me promener tout seul à plus de 100 mètres de l’évêché même en plein jour. Ah ! si j’avais une burka (je blague).
Il me reste la voiture pour me déplacer. Mais là aussi c’est pareil. Je me fais toujours accompagner par quelqu’un de l’évêché. Car dès qu’on met le pied à terre les ennuis commencent. Et puis ma voiture peut tomber en panne. Les routes sont très mauvaises et je me suis déjà ensablé plusieurs fois (à la saison des pluies ce sera « embourbé »).
Sans compter que l’on peut se faire arrêter et rançonner... Heureusement il y a aussi des « Mundobe » (noirs) compatissants...

Bref, la liberté, quoi !


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Le 15 août d’un « Mundele » au Congo

Je vais terminer cette page de mon journal en vous parlant de mon week-end du 15 août. Comme chacun sait (le Congo étant le centre du monde), son excellence le Président Sassou N’Guesso a été récemment réélu. Son investiture a eu lieu à Brazza Samedi dernier 15 août. Cette investiture coïncidait avec la fête religieuse et la célébration du 49° anniversaire de l’indépendance. A cette occasion il y a eu un défilé à Brazza et à P-N. J’ai assisté à celui de P-N (cf. photos jointes). C’était super folklo. Rien à voir avec nos défilés guindés et parfaitement minutés. Ici c’est jusqu’à plus soif. Tout le monde défile ou presque : tous types d’associations ou groupes, même celles des opposants politiques, tous types d’organisations même des entreprises qui font leurs pub en disant Merci au Président. Je me suis amusé à photographier les pancartes et autres banderoles (voir photos).
Le Dimanche je suis allé avec l’évêque, son chauffeur et ses trois « filles » (nièces...) à la messe à Sainte Bernadette. Une paroisse du coin... C’est l’évêque qui a dit la messe assisté d’une dizaine de prêtres. Il a consacré une sœur (une « sacramentine ») qui faisait ses vœux... C’était très coloré. Les chants étaient magnifiques et très rythmés. Il y a eu des danses d’enfants dans les allées... Seul petit problème, çà a duré plus de trois heures et j’avoue qu’à la fin çà me gonflait un maximum. Mais ici c’est la tradition : plus c’est long plus c’est bon. L’homélie de l’évêque était un discours fleuve improvisé qui ne s’arrête que parce qu’il faut bien s’arrêter... Son côté populaire est flagrant : il faisait rire la foule...
Finalement, après être passé au marché (voir photos) chercher des fruits (la papaye est le fruit préféré de l’évêque) on a déjeuné vers 15 heures et le reste de l’après-midi est passé très vite. J’ai fait une petite sortie avant le crépuscule, mais sans conviction et avec beaucoup d’appréhension. La tentative de vol dont j’ai été victime le Dimanche précédent m’a beaucoup refroidi, voire un peu traumatisé...

La nourriture du « Mundele »

Question bouffe je suis plutôt privilégié. La table est copieuse, les mets de qualité et sains. Beaucoup de plats à base de poisson (de l’océan), de la banane (plantain) cuite, du riz (beaucoup de riz !), du manioc (je n’en mange pas souvent, ce n’est pas très digeste pour moi), du saka-saka, sorte de purée verte à base de feuille de manioc pilées et bouillies longuement (pour enlever les toxines : acide cyanhydrique...), mélangées avec de l’huile de palme et des épices. Cà ressemble un peu à une purée d’épinards, mais la texture et le goût sont très particuliers. On mange peu de viande (surtout du poulet) dans le Sud du Pays où je suis. Il y a beaucoup de fruits : papayes, bananes, oranges locales (sorte de gros citrons sucrés...). Quelquefois il y a du fromage bien de chez nous...
Quant à la boisson c’est de l’eau minérale le plus souvent (marque « Mayo »).

Le petit déjeuner est copieux : mélange de produits locaux et occidentaux. Tout le monde consomme volontiers du pain (oui il y a plein de boulangeries à Pointe Noire) et de la confiture, des fruits, des yaourts, voire un peu de viande (style saucisson cuit etc.). Les boissons du petit-déjeuner sont toutes lyophilisées : chocolat en poudre, thé en granulés, nescafé (c’est ce que je prends) ; il y a une grosse thermos sur la table pleine d’eau bouillante...

Il faut être très habitué pour acheter des produits de qualité sans danger... Ce dont je suis incapable pour l’instant.

L’alimentation s’occidentalise à vitesse grand V. Les Congolais aisés cuisinent à la française ou presque. La nourriture s’occidentalise. La junk food est présente ici comme chez nous. Samedi soir on a commandé des pizzas...








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Au pays des chefs

Aux pays des chefs

(blog 17 août 2009)

Le pouvoir s’exerce naturellement de façon très autoritaire au Congo et en Afrique en général. Un chef est un chef. Pour un « Mundele » soixante-huitard comme moi ce n’est pas facile à supporter. Il va me falloir du temps. Heureusement ici on est au pays où le temps ne compte pas.
Mon chef à moi c’est l’évêque son Excellence Monseigneur Makaya Loemba. Je découvre tous les jours un peu plus cet homme... Comme tous les chefs ici, il est très autoritaire et partage peu son autorité. Il décide seul de tout ou presque. Heureusement il est très sympa avec moi (tant qu’il m’aura à la bonne ; le fait que je sois blanc le valorise quand il se déplace ou quand il reçoit...). Il est issu d’une famille très modeste de la périphérie ponténégrine. Comme beaucoup de congolais aisés il connait bien la France qu'il a découverte durant ses nombreux séjours dans l’hexagone (il a été prêtre à Chatelleraut dans la Vienne). Dans le même temps il est attaché aux traditions locales et a conservé des comportements et des goûts très locaux et un attachement très fort à la brousse.
En termes de management (le râteau ou rien !) çà se traduit par une clarté dans l’injonction de faire quelque chose de précis et sans importance et un flou dans la formulation d’un objectif global fut-il essentiel...Il a l’art de passer d’un sujet à l’autre, d’une action à l’autre, sans transition...
Autant dire que je navigue à vue...dans le noir.
Tant qu’une décision exprimée n’est pas entérinée dans les faits elle peut évoluer à 180°...Pas simple.
Mais bon. Je vais devoir m’y faire...
Makaya Loemba est une bête de travail hyperactive et hyperintelligente. Une bonne "brute" (il est très gentil). Une sorte de Sarkozy né au bord d’un marigot (cette formule n'est pas du tout péjorative au bout de ma plume, c'est juste la plus expressive que j'ai trouvée...). Il a un sens de l’humour bien à lui, de type « p(r)ince sans rire ». Il blague facilement. Il aime plaisanter. C'est même une forme de communication essentielle pour lui. Il est très chaleureux avec tout le monde.

L’autorité et la respectabilité de mon évêque est extrêmement grande au Congo. Il jouit chez les politiques comme dans l’église locale d’une réputation d’homme du peuple avec son franc parler. Il est dans les papiers de Sassou N’Guesso qui, à vrai dire, ne peut pas se passer de la collaboration passive mais néanmoins bienveillante du clergé. C’est un couple de raison. Personne n’aime l’autre mais on fait semblant de s’aimer.
Au fil des années Mgr Makaya Loemba a fait de son évêché une entreprise très complexe où rien ne fonctionne selon des règles très claires mais qui n’en a pas moins, sans doute, une certaine efficacité (il faudra que je découvre exactement en quoi...).
Le diocèse est-il riche ou pauvre ? Je suis encore incapable de porter un jugement relatif sur cette question relative...
Je reviendrai là-dessus dans mes chroniques futures car on est là au centre de mon job...
A l’évidence Rome n’apprécie pas trop le bonhomme. Et vice versa.
Ah ! Ca va être passionnant. Mais il faudra que je sois très patient...et très prudent...Il faudra aussi que je troque mon amour propre contre autre chose...Mais quoi ? On verra.

Pendant la semaine, les 4x4 se croisent dans la cour de l’évêché. Ce sont les petits rois locaux (fonctionnaires, entrepreneurs, curés, colonels...) qui viennent faire leur cour au grand roi Makaya Loemba...

[ e d (x p es lieux immédiatement pour démarrer une enquête. L’abbé XXX ainsi qu’un jeune stagiaire séminariste, qui remplaçait la sœur pendant quelques jours, ont été interrogés toute la soirée. Ce sont évidemment au premier chef les personnes potentiellement coupables, si vol il y a eu lieu de l’intérieur, car tous les deux ont les clés (heureusement pour moi je ne les ai pas et utilise celles du stagiaire). Le soir le stagiaire a été conduit en prison et l’abbé XXX libéré. Le stagiaire a été menotté et a subi des sévices corporels (poignets et mains). Encore une fois c’est le faible qui a payé... Je connais bien ce stagiaire, je m’entends bien avec lui, et je me porte garant de sa totale incapacité à faire un tel acte. L’évêque n’a pas pu s’opposer à cet emprisonnement car il n’était pas sur place le soir. Mais il est intervenu le lendemain pour qu’il soit relâché. Il n’empêche : il a subi un traumatisme moral qui le marquera à jamais.

La preuve : il veut faire son mémoire sur la lutte contre l'injustice, plus précisément sur l'église et l'injustice. Le pauvre il va se faire tuer par Torquemada !

La suspicion a gangrené l'évêché. Pour détourner les soupçons, l'Abbé XXX a fait venir sa tribu qui campe presque à l'évêché. Il a mobilisé les féticheurs (pour un prêtre c'est le comble !) pour détourner les soupçons et apaiser le couroux de l'évêque. Plusieurs messes noires (hi hi !) ont eu lieu... Plusieurs tentatives d'envoutement et de désenvoutement ont été entrprises...

Le temps a passé. Nous sommes le 19 septembre. Un grand malaise s’est installé à l’évêché.

Un audit a eu lieu. Un écart vertigineux entre le solde théorique et le solde physique de la caisse (espèces + chèques) a été constaté. Il a fallu tenter d’expliquer cette différence. Le cabinet d’audit n’y est pas arrivé complètement ...

...

La conséquence de tout çà c’est que le petit Sergio va se retrouver Procureur à la place du Procureur (qui va quitter l’évêché, tout comme la sœur) plus vite que prévu... dans un contexte de suspicion, de stress et de pessimisme, face à un évêque de très mauvaise humeur, très préoccupé, peu sensible aux autres, maniant le monologue à un moment où le dialogue s'impose plus que jamais...

Allez, le petit Sergio en a vu d’autres. Il va s’accrocher...

Un jour peut-être je vous raconterai un petit secret supplémentaire, et peut-être aussi vous conterai-je le fin mot de l'histoire...

Bisous à tous

NB : il n'y a pas d'image (sauf une !) car ce drame s'est entièrement déroulé dans le noir...

lundi 10 août 2009

C'était mon premier Dimanche au Congo : il ne fut pas ordinaire ; réflexions et aventure garanties !







W-E du 8/9 août : un week-end qui aurait pu être ordinaire...

Cette première semaine aura été pour moi, bien évidemment, très instructive et riches en découvertes et en enseignements sur un monde ô combien différent...En vrac ci-dessous : quelques réflexions/infos/récits... :

I) De la vie chère

"La vie chère", mais c’est un « truc » français çà, vous allez me dire. Que nenni ! Quant on voit les prix pratiqués dans le Centre de Pointe-Noire (presque le même prix qu’en France pour les choses de la vie courante, notamment les biens et services de grande consommation) on peut être pris d’un violent malaise si on s’interroge sur la signification de cette situation.Le centre de Pointe-Noire (incluant le quartier du Plateau où se trouve l’évêché) est un Ghetto pour riches Congolais et riches « Expats » en 4x4. Les classes moyennes sont reléguées à la périphérie dans des quartiers où les rues ne sont pas bitumées, et les pauvres encore plus loin, dans les nombreux bidonvilles* bourrés de détritus qui pullulent à la lisière de la brousse (* : concentrations d’abris précaires vaguement murés, recouverts de tôles dans le meilleur des cas, style « favellas » à l’horizontal).Moi je me demande franchement comment les gens font pour vivre . Par exemple, au pays de l’or noir, un litre de super vaut près de 600 Francs CFA (1€ = 656 FCFA).En fait il existe deux économies parallèles, une très occidentalisée, pour les riches, une plus congolaise (il faut aller sur le « grand marché » traditionnel pour s’en conviancre), pour les pauvres.Mais il y a quand même un trait d’union entre ces deux catégories : le téléphone mobile ! Tout le monde en a ou presque. Beaucoup en ont plusieurs. Les vendeurs de carte sim sont partout sur le bord des rues. Les opérateurs de téléphonie occupent le devant de la scène en matière de publicité....Comprendre comment les gens font pour survivre dans ces conditions c’est d’abord accepter de croire que les gens peuvent vivre avec rien ou presque...Pour un Européen ce n’est pas aussi simple que çà.

II) Famille, Matriarcat, Identité, Polygamie et Place de la femme dans la société africaine

En Afrique la « Famille » - vaste réseau de solidarité envers toute personne parente par le sang ou par alliance, à quelque degré que ce soit..., à quoi il faut ajouter les personnes adoptées, les épouses supplémentaires et leur descendance ainsi que leur famille, etc, etc, etc. – est le coeur et le pilier de tout le système social et économique. Si on n’intègre pas cette dimension, on ne peut pas comprendre comment marche toute structure formelle ou informelle africaine sur le plan matériel ...



Matriarcat


Ce Dimanche 9 août, après le petit déjeuner l’évêque décide de me faire « un cour » sur la famille africaine et le matriarcat.Comme chacun sait, dans la tradition africaine la famille est régie par le Matriarcat. Ceci ne signifie pas que l’autorité familiale est une prérogative des femmes. Non. L’homme reste le maître (officiellement, ; en coulisse c’est comme dans le monde entier : le femme décide in fine par la porte ou par la fenêtre...ou pique une crise de nerf (je blague)). Mais il détient son autorité de la femme. En clair quand une femme se marie avec un homme c’est le frère de la femme qui devient le chef de famille si par exemple l’homme vient à décéder et qu’il y a des décisions à prendre.Ce système a notamment des conséquences en matière d’héritage. Dans l’exemple ci-dessus, en cas de mort du mari, ce n’est pas la femme, veuve, et ses enfants qui héritent des biens du couple (la maison commune...) mais la famille du mari. Du moins selon la tradition, car en droit congolais (comme en droit français) c’est la veuve et ses descendants qui sont privilégiés. Donc, après le décès de l’époux, la famille du défunt demande à la femme de quitter la maison conjugale, de prendre ses enfants et de refaire sa vie... « Tu gardes les enfants, donc nous on reprend la maison ». Cette logique repose sur l’idée d’une compensation : les enfants sont une richesse (des bras et des revenus potentiels), en échange de quoi la famille doit pouvoir garder les biens matériels du couple...La femme a le droit pour elle mais la famille du défunt revendique la coutume. Bien évidemment il y a souvent conflit : il y a alors palabre...Un arrangement amiable – même plus ou moins bancal – est toujours préféré à un arbitrage devant les tribunaux...Beaucoup de gens s’élèvent aujourd’hui contre un système traditionnel injuste et le plus souvent très pénalisant pour la veuve, même après la palabre...



Nom de famille, Identité


Ces particularités africaines ont évidemment une répercussion sur l’identité (nom de famille, définition de l’univers d’appartenance de la personne) des gens. On porte, certes, le nom de son père mais aussi le nom de la « racine » de la mère : pas directement le nom paternel de la mère, mais le nom générique de la famille de la mère. Par exemple si une famille est originaire des bords d’un affluent du Congo, le nom générique sera du style « au bord du grand fleuve puissant » ou n’importe quoi dans le genre. Mais il n’y aura jamais deux noms génériques pareils. Impossible, car tout le monde connait tout le monde...



Polygamie


Beaucoup d’hommes ont plusieurs femmes. La plupart des hommes qui en ont le moyens ont, en pratique, ouvertement ou dans l’ombre, plusieurs épouses. Outre l’appétit sexuel, il y a plusieurs raisons à cela. L’une d’entre elles tient au fait qu’en cas d’impossibilité pour un couple d’avoir des enfants, très vite les familles s’accusent mutuellement. La femme peut toujours prouver concrètement sa descendance si elle en a... Ce n’est pas le cas de l’homme... Prendre une deuxième ou troisième épouse lui permettra de montrer à tout le monde qu’il peut engendrer. Et voilà le travail...La machine polygame est lancée.Le système est renforcé par le fait qu’il y a dans de nombreuses régions (c’est le cas au Congo) un excédent de femmes qui ne trouvent pas de maris. Pour sortir de cette situation, beaucoup acceptent d’être une seconde ou une troisième épouse. Inversement la première épouse qui n’a pas d’enfants encouragera souvent son mari à prendre une deuxième épouse à condition qu’il ne la chasse pas...

III) Dimanche 10h... : Messe dominicale

Aujourd'hui Dimanche je suis allé avec l'évêque (Mgr Makaya Loemba) et son secrétaire général (L’abbé Daunat-Michel) à la messe à Notre Dame, la principale église de Pointe Noire. C'est moi qui conduisait le beau 4x4 blanc de l'évêché offert par le Président Sassou...L’évêque a pris sa place près du chœur et nous, nous sommes allés nous asseoir bien modestement dans le fond de l’église.L'église était pleine à craquer, il y avait beaucoup de jeunes. Rien que çà...çà change ! Beaux habits, belles parures et coiffures multicolores, parfums (l'assistance dans cette paroisse appartient, pour l'essentiel à la classe sociale la plus aisée de P-N)...Mélanges (ici on s’asseoit où l’on veut).Ce qui m’a plu c’est la simplicité et la ferveur des fidèles. Ce qui a déclenché mon enthousiasme c’est la musique (tambours et tam-tam), les chants et les rythmes.A la sortie échange de poignées de mains et présentation du petit nouveau (moi)...

IV) Dimanche 17h30... : « Là ou Tintin fait encore reparler de lui et d’une de ses aventures dont il a le secret »

Un miracle ne suffisait pas. Il en fallait (au moins ?) un deuxième. Dimanche après-midi je suis allé en reconnaissance à pied dans la ville. Je me suis rapproché petit à petit de la mer et j’ai voulu faire une photo sur la plage de tous les navires mouillés dans la rade (une armada). Au moment où je faisais la photo un jeune homme de 20-25 ans est arrivé derrière mon dos et a voulu me voler mon téléphone portable. Il a raté son coup mais il a persisté dans ses intentions... Il a commencer à me donner des coups de pieds et a tenté de me reprendre de force l’appareil. Je me suis défendu comme un lion. Je suais à grosses gouttes. J’avais peur. Je me suis mis à crier « au secours » très fort. Je résistais. Je voulais gagner du temps. De rage j’ai voulu un moment faire usage de mes poings et tenter un direct dans le visage. Heureusement je me suis raisonné et je n’ai pas tenté ce geste...J’ai essayé de négocier avec lui. Je lui ai donné le peu d’argent que j’avais sur moi (j’avais au moins pris la précaution de me promener sans argent ou presque), soit 1500 FCFA.. Il l’a pris mais il voulait toujours prendre mon appareil. Malin comme un singe il a réussi a ouvrir le boitier de la batterie et à prendre cette dernière ? Là-dessus est arrivé un de ses copains. J’ai dit au nouveau venu de venir à mon secours. Peine perdue, il restait passif à regarder la scène. Le corps à corps se poursuivait. Ma chemise était toute maculée de sable poussiéreux... Je transpirais, je criais, j’avais peur. J’avais peur qu’il sorte un couteau...Tout çà à duré au moins 7 ou 8 minutes. Je n’en pouvais plus...Et puis le second miracle s’est produit. Des personnes ont alors accouru...Ils étaient 4 ou 5 au début, puis dix, puis vingt. Mon agresseur a pris la fuite mais son complice a été rattrapé sur le champ sur ma demande pressante. Je l’ai sermonné et, le pauvre, il s’est fait rossé, tapé (ici ils ne font pas dans la dentelle). Je suis retourné avec eux à un petit village de paillottes près de la plage. Là un comité d’accueil d’un cinquantaine de curieux nous attendaient. Entre temps, la chasse à l’agresseur avait été donnée et la police avertie. Les policiers m’attendaient. L’agresseur avait été repris (il y a des indics partout ici ?!). Il était dans la voiture de la police. Ils m’ont fait monter à côté de lui (le comble !). Nous sommes allés jusqu’au poste de police, à côté, car ils voulaient que je fasse une déposition. Ils ont déshabillé l’agresseur et ils ont commencé à lui donner des coups. Ils ne s’arrêtaient plus. Je leur ai demandé d’arrêter le massacre... Ils s’en foutaient. Dans son pantalon on a retrouvé la batterie et mon argent. Le chef est arrivé. Il m’a posé deux ou trois questions. Puis il m’ont fait signe que je pouvais partir...
Bilan de cette histoire :
- Un miracle : mon portable est intact et au complet, je n’ai qu’un petit hématome au niveau du tibia et le pied droit un peu endolori.
- Et surtout une bonne leçon : maintenant je sais que je suis dans un monde différent. On ne m’y reprendra plus.





V) Voiture :

Demain Lundi 10 août on réceptionne ma petite voiture (photo ci-dessus). Sans doute une voiture européenne recyclée en Afrique via une mafia X et retapée. Je vais l’essayer demain avec Patou, le chauffeur de Monseigneur...



La suite dans le prochain numéro.

vendredi 7 août 2009




Bonjour à tous,

Enfin ! J’y suis ! Me voici au Congo, à Pointe Noire (2° ville du pays après Brazzaville, située près de l’Océan ; capitale économique, grand port de commerce africain : pétrole…).
Je réside à l’évêché où je travaille (…rationalisation de la gestion…).
Parti de Paris le Dimanche 2 août à 15h je suis arrivé à Pointe-Noire le Lundi 3 à 19 heures locales (20 heures à Paris). Le voyage a été fatiguant (Paris-Casablanca-Douala-Brazzaville-Pointe/Noire) ; j’ai attendu 8 heures dans l’aéroport de Casablanca…Mais la fatigue c’est un détail. J’ai bien récupéré.
J’ai eu une petite frayeur, c’est le moins qu’on puisse dire, car l’avion a perdu une roue au décollage à Brazza et à l’atterrissage à Pointe-Noire le train gauche de l’avion s’est cassé : l’avion s’est quand même posé tranquillement sur le côté en milieu de piste : pompiers, ambulances, agitation…mais pas de choc (à peine) donc pas de blessés. Moi je suis resté zen et pourtant j’étais au courant du risque depuis Brazza car mon voisin avait vu le pneu éclater...
J’ai voulu prendre une photo de l’appareil…Il s’en est fallu de peu pour qu’on me confisque mon appareil.
Il fallait que je raconte cette histoire…pour m’en libérer.
Je suis en pleine forme.
A Brazzaville où un prêtre (Thomas) est venu me chercher à l’aéroport j’ai eu le temps de visiter un peu, avant de reprendre l’avion pour P-N : le fleuve énorme, le quartier pauvre de Bacongo (froid dans le dos !), la paroisse de Thomas…
A P-N j’ai été accueilli par l’abbé Ange (après avoir bénéficié d’un miracle c’était normal qu’une telle créature m’accueille…).
A l’évêché j’ai une petite chambre sympa avec tout le confort local (pas d’eau courante, etc.), mais j’ai une superbe moustiquaire que j’ai apporté et c’est le principal. A coté de ma chambre se trouve mon petit bureau.
Tout le monde est super sympa avec moi. Ils m’appellent « Monsieur Serge ». Je suis le seul blanc. Les hommes sont pour la plupart des religieux (mais il y a beaucoup de personnel civil), il y a également des femmes (pur la plupart membres de la famille de l’évêque ou de l’un ou l’autre prêtre) et quelques religieuses.
Bref c’est très « familial ».
Je prends mes repas avec l’évêque, ses proches, le secrétaire général (Daunat-Michel) et le procureur-économe (Ange).
Je prends progressivement contact avec mon environnement…
Le temps n’est pas extra (plutôt gris), mais en compensation la température est supportable et il en sera ainsi jusqu’à la prochaine saison des pluies (à partir de septembre/octobre…) où là la chaleur sera terrible.
Hier je suis allé à Luango : c’est l’endroit où sont arrivés les premiers missionnaires au XVII° siècle ; on y voit entre autre les vestiges de la route des esclaves.
Pointe-Noire est une ville très animée, surtout vue par des européens. Cà grouille dans tous les sens. Les rues sont remplis de taxis bleus (qui font à la fois du transport individuel et du collectif : dans ce cas on les appelle les « 500 ».)
Je suis déjà allé sur les marchés populaires, et le moins que l’on puisse dire c’est que la pauvreté est partout. L’Islam semble à l’évidence en phase de développement fulgurant dans ces quartiers.
La poussière est partout. Le phénomène est renforcé par le fait que le sol sur lequel se trouve P-N est constitué de sable.
Le sable est partout. Les bords des rues (goudronnées au centre, en terre à la périphérie) en sont jonchés.

Je vais m’arrêter là, car je mobilise l’ordi de l’abbé Ange. L’évêché a un accès à internet via une énorme parabole reliée à un satellite. Quant à moi je me suis procuré un portable débloqué à Paris qui me permet de d’envoyer des mails et de consulter le web via internet (GPRS/EDGE). Avis aux prochains volontaires. Je peux leur donner des tuyaux. Je suis inscrit chez un des trois opérteurs de tél mobile : « ZAIN » : pour çà j’ai passé une demi journée à galérer dans tout P-N.

Donc tout est ZEN !