lundi 17 août 2009

"Mundele" !







« Mundele ! »

Seul dans le noir ?

Deux semaines déjà...
Après le « tout beau, tout nouveau », voici le temps du « tout beau, tout différent ». Oui je suis le blanc, le « Mundele » (prononcer moundélé ; dans la langue véhiculaire officielle du Sud Congo, la langue du chemin de fer, i.e. en Munukutuba).
Dès que je vais dans les quartiers périphériques de Pointe-Noire ou au « grand marché » - le marché traditionnel de P-N - c’est ainsi que les gens me désignent de loin ou de près.
Le « Mundele », au-delà de la couleur de peau, c’est la pompe à fric (ils tombent très mal avec moi), accessoirement l’étranger. Bref la CIBLE N°1 pour tous les coups, toutes les opportunités, pour se faire un complément de salaire au black (je veux dire au blanc).
A l’évêché je suis le seul blanc. Dans le centre de P-N je croise quelques blancs de temps en temps, mais pour l’instant je n’ai croisé aucun regard de blanc bienveillant. Ils on tous l’air indifférents aux autres blancs, à moitié dingue. Des blancs noirs ou des noirs blancs en quelque sorte.
Les seuls blancs sympas que je connais pour l’instant, sont les sœurs et les prêtres blancs que j’ai rencontrés dans les paroisses que j’ai visitées. Par exemple à Don Bosco, dans le quartier populaire de Tie Tie, où j’ai fait la connaissance de l’abbé Miguel (espagnol) et d’un Breton pur souche (Antoine Tanguy)...
Mais, bon...Il faut vivre d’espoir. Je finirai bien par me faire quelques amis blancs. Je vais en tout état de cause me mettre en contact avec les 2 ou 3 volontaires DCC qui sont dans les parages...

En attendant je me suis fait un jeune ami noir. Il s’appelle ANICET. Il est au grand séminaire de Brazzaville et actuellement en stage à l’évêché de P-N. Il a une vingtaine d’années. Comme beaucoup d’africains il n’a plus de vrais père et mère. C’est actuellement le mari de sa sœur qui joue le rôle du père coutumier. Anicet est un type très sympa, ouvert, dévoué (pour moi c’est de l’or), doté d’un bon sens de l’humour. Tous les soirs je lui prodigue des cours d’informatique/internet. Il ne sait pas taper sur un clavier et encore moins manipuler une souris. On échange beaucoup. C’est lui qui m’escorte quand je vais faire des courses. Je lui rends des petits services quand je peux : il utilise mon vieux tél. portable qu’on a fait débloquer par un bricoleur local. Cà fonctionne à merveille. L’autre jour je l’ai amené chez ses « parents ». Il a certains symptômes du palud (douleurs articulaires, fièvre...). On lui a dit de faire des analyses dans le labo d’à côté. Mais pour des raisons financières il n’a toujours rien fait. Et puis maintenant çà va mieux... jusqu’à la prochaine crise qui risque d’être plus grave.
En ce qui me concerne je me protège le mieux possible. Comme tout le monde je finis par être piqué une fois ou deux tous les soirs. Comme il y a des grillages fins aux fenêtres ce sont surtout les petits (triés sur...le volet) qui m’embêtent. Je ne fais pas d’allergie cutanée et j’évite de me gratter... Wait & See.

Seul blanc parmi les noirs ou presque...

Mais aussi seul dans le noir. Je m’explique. Ici les coupures de courant sont quotidiennes et se produisent pendant les pics de consommation, donc en début de soirée, quand la nuit est tombée, i.e., à partir de 18h30 (quand il est 19h30 en France dites-vous que je suis peut-être dans le noir ici !). Heureusement j’ai des bougies et surtout ma pile à manivelle.
Ici il y a des générateurs d’électricité partout. Devant chaque magasin il y en a un. Et quand on sait que ces engins font autant de bruit qu’un petit tracteur et crachent de la fumée comme 50 locomotives à charbon...Je ne vous dis pas l’ambiance dans la rue...
Je referme là le chapitre pollution car si je commence à déraper là-dessus je vais vite manquer d’encre bio durable...

Sécurité

La police est omniprésente : beaucoup de petits flics en costumes (assez semblables à nos flics français), beaucoup de policiers en civil (aux dires de mes interlocuteurs). Au total il n’y a pas une famille congolaise, pas une entreprise, pas une institution (y compris l’évêché) où il n’y ait pas un parent ou un employé qui soit flic.
Le Congo est un État policier. Rassurant pour les petits blancs me direz-vous ? Pas du tout. D’abord parce que la plupart de ces flics sont corrompus, font partie d’un système corrompu. Et un des petits jeux préférés du policier c’est de trouver la faille pour mettre en faute le petit blanc pour n’importe quel motif dérisoire. Il y a plein de petits interdits futiles. Par exemple, il est défendu de photographier tous les sites publics et toutes les résidences d’hommes publics (je me suis déjà fait rappeler à l’ordre plusieurs fois : à chaque fois il y avait un truc que je ne devais pas photographier et que je n’avais pas remarqué ...). Autant dire que dans le centre de P-N prendre une photo est très risqué, sinon impossible...
Ensuite parce que la petite criminalité de la rue reste très importante. Et que celui qui peut idéalement en faire les frais, au premier chef, c’est le « Mundele »...
Résultat : je n’ose plus me promener tout seul à plus de 100 mètres de l’évêché même en plein jour. Ah ! si j’avais une burka (je blague).
Il me reste la voiture pour me déplacer. Mais là aussi c’est pareil. Je me fais toujours accompagner par quelqu’un de l’évêché. Car dès qu’on met le pied à terre les ennuis commencent. Et puis ma voiture peut tomber en panne. Les routes sont très mauvaises et je me suis déjà ensablé plusieurs fois (à la saison des pluies ce sera « embourbé »).
Sans compter que l’on peut se faire arrêter et rançonner... Heureusement il y a aussi des « Mundobe » (noirs) compatissants...

Bref, la liberté, quoi !


---------- ---------- ----------

Le 15 août d’un « Mundele » au Congo

Je vais terminer cette page de mon journal en vous parlant de mon week-end du 15 août. Comme chacun sait (le Congo étant le centre du monde), son excellence le Président Sassou N’Guesso a été récemment réélu. Son investiture a eu lieu à Brazza Samedi dernier 15 août. Cette investiture coïncidait avec la fête religieuse et la célébration du 49° anniversaire de l’indépendance. A cette occasion il y a eu un défilé à Brazza et à P-N. J’ai assisté à celui de P-N (cf. photos jointes). C’était super folklo. Rien à voir avec nos défilés guindés et parfaitement minutés. Ici c’est jusqu’à plus soif. Tout le monde défile ou presque : tous types d’associations ou groupes, même celles des opposants politiques, tous types d’organisations même des entreprises qui font leurs pub en disant Merci au Président. Je me suis amusé à photographier les pancartes et autres banderoles (voir photos).
Le Dimanche je suis allé avec l’évêque, son chauffeur et ses trois « filles » (nièces...) à la messe à Sainte Bernadette. Une paroisse du coin... C’est l’évêque qui a dit la messe assisté d’une dizaine de prêtres. Il a consacré une sœur (une « sacramentine ») qui faisait ses vœux... C’était très coloré. Les chants étaient magnifiques et très rythmés. Il y a eu des danses d’enfants dans les allées... Seul petit problème, çà a duré plus de trois heures et j’avoue qu’à la fin çà me gonflait un maximum. Mais ici c’est la tradition : plus c’est long plus c’est bon. L’homélie de l’évêque était un discours fleuve improvisé qui ne s’arrête que parce qu’il faut bien s’arrêter... Son côté populaire est flagrant : il faisait rire la foule...
Finalement, après être passé au marché (voir photos) chercher des fruits (la papaye est le fruit préféré de l’évêque) on a déjeuné vers 15 heures et le reste de l’après-midi est passé très vite. J’ai fait une petite sortie avant le crépuscule, mais sans conviction et avec beaucoup d’appréhension. La tentative de vol dont j’ai été victime le Dimanche précédent m’a beaucoup refroidi, voire un peu traumatisé...

La nourriture du « Mundele »

Question bouffe je suis plutôt privilégié. La table est copieuse, les mets de qualité et sains. Beaucoup de plats à base de poisson (de l’océan), de la banane (plantain) cuite, du riz (beaucoup de riz !), du manioc (je n’en mange pas souvent, ce n’est pas très digeste pour moi), du saka-saka, sorte de purée verte à base de feuille de manioc pilées et bouillies longuement (pour enlever les toxines : acide cyanhydrique...), mélangées avec de l’huile de palme et des épices. Cà ressemble un peu à une purée d’épinards, mais la texture et le goût sont très particuliers. On mange peu de viande (surtout du poulet) dans le Sud du Pays où je suis. Il y a beaucoup de fruits : papayes, bananes, oranges locales (sorte de gros citrons sucrés...). Quelquefois il y a du fromage bien de chez nous...
Quant à la boisson c’est de l’eau minérale le plus souvent (marque « Mayo »).

Le petit déjeuner est copieux : mélange de produits locaux et occidentaux. Tout le monde consomme volontiers du pain (oui il y a plein de boulangeries à Pointe Noire) et de la confiture, des fruits, des yaourts, voire un peu de viande (style saucisson cuit etc.). Les boissons du petit-déjeuner sont toutes lyophilisées : chocolat en poudre, thé en granulés, nescafé (c’est ce que je prends) ; il y a une grosse thermos sur la table pleine d’eau bouillante...

Il faut être très habitué pour acheter des produits de qualité sans danger... Ce dont je suis incapable pour l’instant.

L’alimentation s’occidentalise à vitesse grand V. Les Congolais aisés cuisinent à la française ou presque. La nourriture s’occidentalise. La junk food est présente ici comme chez nous. Samedi soir on a commandé des pizzas...








------------

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Par avance un grand merci pour vos commentaires et messages. Serge Guégan. Pour me joindre : serguegan51@gmail.com