Mercredi 3 décembre 2009, j'ai accompagné une délégation de 4 moines bénédictins venus d'Italie dans le Mayomb, une région accidentée recouverte d'une très belle forêt vierge équatoriale (jusqu'à ce qu'on arrivât). Cette région sépare la province du Kouilou (chef lieu P-N) du Niari (chef lieu Dolisie).
Notre expédition a débuté dans la confusion totale. Deux 4x4 étaient prévus. Finalement après une heure de palabres nous nous sommes retrouvés à dix dans l'unique 4x4 disponible. Inutile de préciser que le voyage fut chaud et mouvementé (le trajet emprunte la Nationale 1, la fameuse route P-N/Brazza : il n'y a pratiquement pas de "goudron", il faut rouler sur de la terre boueuse truffée de trous et d'ornières). Malgré la clim tout le monde transpirait...
Heureusement nous avions un excellent chauffeur, Yvon, un policier "réquisitionné" par l'évêque pour la circonstance. Il portait un magnifique uniforme noir (cf. photo) et un béret de para kaki.
Avec lui nous ne risquions pas d'avoir des ennuis (les contrôles sont fréquents, et les rançonnages aussi...).
Parmi les moines se trouvaient Mickael Keene un australien, supérieur de tous les monastères bénédictins dans le monde, et le padre Don Felice, supérieur du monastère romain où se trouvent également les deux autres moines...
Il est temps de vous dire que le but de notre expédition était de visiter des sites, préalablement repérés, susceptibles de convenir pour fonder et construire un grand monastère bénédictin, le premier du genre au Congo.
Vers midi nous sommes arrivés sur les lieux, précisément dans la commune de Doumanga située à proximité du parc de la biosphère de Dimonika.
Nous y avons rejoint, dans le hameau (cf photo) un groupe d'hommes (j'imagine qu'il s'agissait de propriétaires ou de personnes mandatées pour négocier la vente de terrains...).
Nous sommes ensuite partis à la découverte de la forêt...
[La végétation est essentiellement constituée de forêt ombrophile planitiaire guinéocongolaise. Les grands arbres souvent caducifoliés dominent un sous-bois sempervirent, les épiphytes sont rares à cause de l’humidité élevée de l’air...]
...Ce fut formidable. Nous n'aurions jamais fait une excursion aller-retour de 6 km environ dans la forêt vierge s'il n'y avait pas eu cette nécessaire obligation de visiter l'une des zones qui intéressait le plus les moines.
Nous étions toujours une bonne dizaine de personnes (quelques uns étaient restés au hameau et les hommes du village les avaient remplacés). Précédés par deux indigènes munis de machettes pour couper les lianes et autres obstacles végétaux, nous avons emprunté un sentier à peine visible pour moi européen.
J'ai pu voir ainsi des choses fantastiques. Les photos que j'ai prises ne peuvent pas rendre compte des odeurs, des bruits (cigales et oiseaux), de l'atmosphère chaude et humide que nous respirions. Bien que protégé du soleil par une immense couverture végétale la lumière était intense. Vu l'heure (il était 13 heures quand nous nous sommes engagés dans la forêt) il n'y avait pratiquement pas de moustiques (ouf!). Fleurs, fougères, plantes grasses, bambous géants (cf. photos), arbres de toutes les sortes et de toutes les tailles.
Pour la flore pas de problème, pour la faune, en dehors des oiseaux et des insectes on n'a évidemment pas vu grand chose, étant donné notre bruyante progression (voix, pieds et machettes). On a quand même croisé un long serpent noir très dangereux que nos guides se sont empressés de tuer dès son apparition...
Nous avons marché pendant plus d'une heure avant d'atteindre un petit cours d'eau où nous nous sommes rafraichis et désaltérés (nous avons fait des gobelets avec de grandes feuilles grasses...). Puis nous sommes revenus sur nos pas jusqu'à une clairière supposée être le centre du site.
Les hommes du village et les guides ont alors entamé un rituel visant à entrer en communication avec les ancètres pour placer la forêt sous leur bienveillante protection et pour faire aboutir positivement la négociation (cf photos).
Les moines qui ne voulaient pas être en reste, et qui manifestement avaient prévu le coup, ont sorti d'un sac une grande image de la vierge (cf photo) qu'ils ont fixée et scotchée sur deux troncs de bambou. Puis ils ont récité des prières... Et moi je photographiais tout en disant amen...
Toute cette mise en scène terminée, les esprits apaisés et la vierge Marie solidement impliquée dans le projet, nous sommes repartis un peu fatigué, brûlants de chaleur, jusqu'au 4x4.
Nous sommes allés déjeuner dans le hameau précité (cf photos). Puis il y a eu une longue palabre, à laquelle je n'ai pas été conviée, entre acheteurs et vendeurs...
Pendant ce temps je suis parti à la découverte des environs.
A 16 heures le policier Yvon a sonné le signal du retour vers Pointe-Noire où nous sommes arrivés à la nuit tombante, après 2h30 de mouvements chaotiques incessants, tassés comme des sardines, crasseux, gluants de transpiration, mais la tête remplie d'images fortes.
Mayomb, quand tu nous prends...
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